Dix-sept ans que j’espérais la sortie d’un nouveau film de Todd Field, réalisateur d’un de mes films préférés Little Children. C’est dire si j’attendais celui-ci avec impatience. Ne connaissant rien à la musique classique je partais un peu dans l’inconnu et pensais même trouver le temps long. Contre tout attente, j’ai été totalement passionné par l’ensemble. Peut être d’abord par Cate Blanchett elle-même (Field a écrit le rôle spécialement pour elle, et aurait abandonné le projet si elle avait refusé). Elle est juste phénoménale, incroyable de présence et de charisme. De ces performances qui marquent. Le meilleur rôle de sa carrière (devant même Blue Jasmine), Oscar assuré pour moi. Elle donne vie et force à ce personnage, aussi iconique et touchante que détestable, mais qu’on ne peut s’empêcher d’aimer malgré ses failles et ses défauts, mais aussi (heureusement) ses (quelques) qualités. Ni d’être littéralement happé par le tourbillon permanent autour d’elle et assister à sa descente aux enfers et sa chute brutale. A ses côtés, on retrouve la française Noémie Merlant et l’allemande Nina Hoss, toutes les deux à la hauteur. Beaucoup de thèmes actuels (réseaux sociaux, #metoo, wokisme, etc…) à côtés d’autres plus ancestraux et plus humains (désir, pouvoir, manipulation, jalousie, vengeance…). La mise en scène est aussi élégante que pouvant être froide et aride, mais virtuose et convenant parfaitement au récit. Les images sont sublimes et le montage impeccable.
Mise en scène, scénario, technique, interprétation, tout est parfait. Il est rare de trouver tout cela en un seul long métrage. La longueur peut rebuter (2h38), et je conçois qu’on puisse trouver le tout ennuyeux, rugueux et difficile à suivre. Je n’ai pas vu le temps passer.
Tár est brillant, intelligent, exigeant, intense, de ces films qui se méritent, en un mot : fascinant. Le meilleur vu depuis longtemps et qui restera l’un des meilleurs de l’année.