Publié sur mon blog : http://iwagewar.wordpress.com/

J'ai réentendu parler de ce film ce matin, et il a réveillé à nouveau en moi l'envie de le voir et également l'envie de vous en parler. Il existe de ces films, si intenses et intimes qu'ils nous hantent même plusieurs années après les avoir vu, je pense que Tarnation en fait partie... ce qui frappe c'est la forme de ce film documentaire... en effet Jonathan Caouette, le réalisateur, s'est mis en scène depuis son plus jeune âge, soit devant une caméra 8mm, soit en parlant à un enregistreur cassette, soit en photo, et avec tout ce matériel accumulé sur plus de 20 ans (environ 160 heures de rush), il a construit une biographie élaboré sous la forme d'un documentaire. Sa mère est traité très jeune pour schizophrénie, et la dose d'électrochoc qu'elle reçoit la plonge dans la folie. Jonathan doit se dépêtrer dans cette vie chaotique, avec des grands parents fous de Jésus, une mère dont il doit s'occuper comme d'un enfant, son homosexualité et par dessus tout, une expérience de jeunesse qui le marquera à jamais. En 1986, Jonathan fume du PCP et subit ce que l'on appelle une phénomène de dépersonnalisation, un sentiment constant de perte de la réalité qui le suivra durant toute sa vie, rendant son existence encore plus compliquée qu'elle ne l'était déjà. Tarnation dénonce également la radicalité du système américain où l'on envoie les gens en traitement psychologie pour un oui pour un non. On a affaire là à du reality show, sauf que celui-ci nous montre la vie telle qu'elle peut être, dans sa réalité la plus crue, sans aucun fard ni paillette. Il faut avoir un courage sans fin pour oser monter un film si intime sur la vie d'une famille, abîmée et rudoyée par les assauts du quotidien et par les coups du sort. Tout cela rappelle un peu dans la forme les films du dogme de Lars von Trier, sauf qu'ici le matériau de base est réel. Ça ressemble également à du Strip-Tease (l'émission de France 3) sous ecstasy, avec un montage nerveux et une musique qui colle parfaitement. Vraiment il n'y a que le terme chef d'œuvre qui s'applique à cette œuvre. A noter encore que cette œuvre a été produite par Gus van Sant (My own privat Idaho, Paranoid Park) et John Cameron Mitchell (Shortbus, Hedwig and the Angry Inch).