Durant les années 2000, peu des franchises récentes de Disney parviennent à allonger leur durée de vie, la faute à la mort de l'animation 2D et d'un milieu en métamorphose qui se tourne vers de jeunes studios plus prometteurs et dans l'ère du temps. Pourtant, Tarzan est un de ces rares films, avec Lilo & Stitch, à pouvoir survivre via différents médias dont le principal reste La Légende de Tarzan à la télévision. Et alors que l'homme-singe prépare sa venue à Broadway, une suite est programmée dans la foulée.
Et là il où aurait été facile et logique de suivre les pas de la série en inventant de nouvelles aventures pour les personnages tels qu'on les a quitté, DisneyToon Studios vont faire le pire choix possible en revenant en arrière pour révéler comment dans sa jeunesse, Tarzan a pu surmonter son trouble identitaire et mélanger ses capacités humaines à son besoin d'imiter les gorilles pour s'affirmer au sein de la troupe. En gros, ce que le premier film avait déjà raconté et réglé en 5 minutes. Déjà là, un problème se pose.
Les conditions semblent pourtant réunies pour qu'on ait affaire à un Direct-to-Video un tant soit peu correct. Comme pour Le Roi Lion 3 : Hakuna Matata et les dernières sorties vidéo, le budget alloué est plus important et permet de retrouver une qualité graphique plus ou moins dans la lignée du premier Tarzan, Glenn Close et Lance Henriksen reprennent leurs rôles, Mark Mancina et Phil Collins collaborent à nouveau pour les musiques mais le scénario est très décevant et pauvre par rapport à ce qui pouvait être imaginé comme épisode d'enfance.
Au lieu de profiter de l'exclusion involontaire du garçon et de faire découvrir de nouvelles espèces animales, des parties inexplorées de la jungle ou même pourquoi pas partir vers un film de survie, Tarzan 2 : L'Enfance d'un Héros nous éloigne de tout ce qui pourrait être intéressant dramatiquement (4 lignes tout rond pour Kerchack, Sabor qui tient à nous signaler qu'elle existe) et force le jeune humain à croiser la route de nouveaux personnages très barbants et sans charme. Le tout dans un environnement vide et impersonnel qui rappelle qu'entre reprendre un style graphique et reprendre son inventivité, il y a tout un écart. Et ici, l'Afrique Verte est plate, quelconque, banale.
Si l'amitié entre Tarzan et un vieux gorille reclus a du mal à être crédible à cause de revirements mal amenés, d'une durée trop courte et d'un schéma paresseux, on peut abandonner tout espoir de compter sur les les outsiders qui servent d'antagonistes. Leurs acteurs ont tous des voix très drôles (Estelle Harris, Ron Perlman et Brad Garrett) mais la caractérisation de leurs rôles est pitoyable, les faisant tourner en ridicule dès que l'occasion se présente (la grosse brute du trio a le hoquet dès qu'on se moque d'elle, hilarant) au préjudice d'une menace sérieuse.
L'une des rares choses à fonctionner, et cela est presque une amélioration en comparaison au premier film, est l'implication tardive de Tok et de Tantor dans l'histoire. Cela reste relatif mais l'on croit enfin un peu plus, surtout dans le cas de la femelle, à leur attachement et leur détermination pour garder Tarzan parmi eux. Une autre bonne scène est celle où Kala emmène son fils adoptif à un grand arbre millénaire et le rassure sur son genre à part. Le décor est très bon, porteur du message et l'on aurait voulu qu'il en résulte une meilleure histoire plutôt qu'un tas de gamineries et de dilemmes déjà résolus un film plus tôt.
Partant d'un mauvais point de départ, Tarzan 2 : L'Enfance d'un Héros n'a rien de neuf à développer et est sûrement l'une des suites les plus inutiles de tout le catalogue Disney, sans être pour autant l'une des pires. Il se situe en fait dans le milieu du panier, dans la catégorie entre l'insignifiant et l'ennuyeux. Ce qui est plus tolérable que d'autres coups du poignards du passé.