Hasard des visionnages, épisode n°61249. Dans la première histoire indépendante du récit principal consacré au mangaka japonais Yoshihiro Tatsumi, il est question des traces laissées par l'explosion nucléaire à Hiroshima le 6 août 1945, et une en particulier (enfin, de mon point de vue, car ce n'est pas la plus importante qui est au cœur du segment en l'occurrence) : cette ombre laissée sur des marches d'escalier, sur lequel devait se tenir une personne. C'est un passage important d'un autre film vu récemment, "Je n'oublie pas cette nuit" aka A Night to Remember, de Kōzaburō Yoshimura. Drôle de coïncidence.
J'avais raté ce film à l'époque de sa sortie en France et c'est plutôt la déception qui domine au final. L'assemblage de différentes composantes, une partie charnière liée à Tatsumi et une autre constituée de 5 adaptations, découche sur un film d'animation extrêmement hétéroclite et peu harmonieux. Très clairement j'aurais préféré avoir deux films séparés. En l'état, je trouve l'insertion des sketches très artificielle, presque aléatoire, et la partie biographique très peu étayée. Sa révolution du monde du manga au travers du genre gekiga (mangas pour adultes mais pas au sens hentai), ses débuts, sa progression, sa relation avec son idole Osamu Tezuka... Tout cela est laissé à l'état d'ébauche.
Malgré tout, il se dessine un portrait du Japon dans l'immédiat après-guerre qui est intéressant par endroits. Il est question de Seconde Guerre mondiale, de désir sexuel, et de tensions familiales. Les histoires "Beloved Monkey" , "Just a Man", et "Good-Bye" se révèlent très peu passionnantes, et "Occupied" se situe légèrement au-dessus avec son histoire d'auteur de manga blasé qui redécouvre la passion grâce à des graffitis sexuels dans des toilettes publiques. Mais c'est vraiment "Hell" qui domine l'ensemble, à travers les yeux d'un photographe qui prend un cliché dans les jours qui suivirent Hiroshima, devenant par la suite un symbole national. Mais le récit initialement raconté se révèlera bien différent et plus cruel.
Je ne sais pas si c'est volontaire, mais à plusieurs reprises je me suis perdu entre les différents niveaux de récit, conséquence des différents éléments rassemblés pour constituer le film. En un sens Khoo a eu trop d'ambition en voulant intégrer autant d'aspects dans un seul métrage, avec pour conséquences des moments bancals et beaucoup de temps morts.