Taxi Driver par FlyingMan
Imaginez-vous en 1976. Un petit mec en vue, avec un Mean Streets comme seul succès critique, vous amène le scénario de Taxi Driver. Un insomniaque, avaleur de pilules, taximan, emmenant une copine dans un cinéma porno, ratant de peu un attentat contre un politique, se liant d'amitié avec une prostituée de 12 ans, tirant à boulet rouge sur la "crasse" peuplant les rues de New York,... Tout ca pour terminer dans un bain de sang, une tuerie,... qui l'élèvera ensuite au rang de héros. Qui peut accepter un tel projet de ce petit nerveux italien au débit ultra-rapide? Qui peut imaginer que ce film allait devenir si culte? Personne. Même à sa sortie, le film fut descendu en flèche par les critiques. Le Times en premier ! Pourquoi? Comme si quelque chose leur échappait. Comme s'il ne pouvait avouer cette vision de la société par un homme qu'on croit déséquilibré mais qui finalement emporte la faveur du public. Comme si on ne parvenait pas à percer le mystère Travis Bickle. Quelque chose de dérangeant que la morale réprouve... Un film qui n'aurait pas eu son aura sans l'interprétation majestueuse de De Niro et ses répliques cultes. L'une de ses plus grandes performances. Et donc du cinéma en général. Un personnage sombre, immoral et fascinant. Scorcese nous pond une œuvre sociologique et donc aussi psychologique. Un cauchemar urbain, non pas post-apocalyptique pour une fois, mais bien réel. Un New-York comme seul Scorcese peut le retranscrire. Inquiétant mais filmé avec amour. Marty nous place dans la tête de Travis Bickle à nous faire tomber comme lui dans la paranoïa, dans la préparation au meurtre et donc dans la folie. On pense que la dernière scène sanglante sera sa rédemption finale. Finalement non. Scorcese nous laisse avec un être dangereux, s'éloignant au loin, errant sans but, se prenant pour un justicier mais qui reste finalement qu'un assassin. Il fait lui-même partie de cette crasse qu'un bonne pluie ferait bien de nettoyer. Indéniablement le plus intelligent des Scorcese.