Voilà ce qu'il se passe quand on arrive pas à dormir la nuit, coincé entre ses pensées et son insomnie. Du coup voilà, j'écris cette critique juste après celle de Blade Runner, littéralement juste après. Je me tire à nouveau une balle dans le pied en m'attaquant à une autre tache impossible, trop d'avis, trop d'analyses, c'est bon tout le monde connaît tout ça.
Mettez en fond la bade-son du film, si vous êtes fumeur allumez une cigarette, si vous êtes alcoolique servez-vous un verre, et si vous êtes comme moi caféinomane...vous savez quoi.
Il y a des films comme ça, tout le monde insiste sur le fait que c'est un chef d’œuvre. Un film encensé par la critique, un succès public à sa sortie. Amassant récompenses et autres nominations, une palme d'or à Cannes mais rien aux Oscars (merci Rocky). Sauf que parfois, on se dit que ouais bof, j'ai pas confiance.
Bon je vous donne un indice, là tout est mérité. Sans déconner rien que d'y penser j'en ai la chair de poule.
Taxi Driver est un film qui a changé ma perception du cinéma et des films en général. C'est assez difficile à expliquer en fait mais imaginez un gamin d'environ 13-14 ans qui découvre ça pour la première fois. Et pourtant j'ai vu pas mal de films avant celui-ci, mais c'est l'événement déclencheur qui m'a poussé vers d'autres classiques du genre. C'est la porte d'entrée vers un monde duquel je ne suis toujours pas revenu et j'en suis heureux. Même si dans le cas présent, c'est tout sauf joyeux.
Je n'ose pas imaginer dans quel état d'esprit peut être le personnage de Travis Bickle. Aliéné par un monde qu'on ne reconnaît plus, une ville qui était pourtant la sienne à un moment. Tantôt malchanceux ou colérique, c'est surtout seul à bord de son véhicule qu'il arpente des rues crades de NYC...même s'il rencontre de nombreux clients, dont un Scorsese prêt à assassiner sa femme ou encore une prostituée mineure jouée par Jodie Foster déjà brillante.
Cette solitude va nourrir toute l'ambiance du film, son ton et son intrigue. Du moins le peu qu'il puisse en avoir, finalement ce n'est pas le point le plus important. Il pourrait avoir zéro sens, aucune histoire en particulier, on s'en fout complètement. Dans mon cas, mon avis serait le même.
On doit beaucoup à la performance de Robert De Niro, parfait comme souvent. Il arrive à faire quelque chose d'assez incroyable, on s'identifie à lui alors qu'il ne faudrait pas.
D'un côté Travis est juste un mec complètement paumé, il n'arrive plus à s'intégrer dans cette société. Un mec frustré, un peu obsédé, pas forcément très intelligent et qui est définitivement maladroit avec les femmes. Il en serait presque touchant...s'il l'amenait pas voir un film de fesses et qu'il n'y avait pas l'autre lui.
De l'autre côté Travis est une sorte de monstre, dont la ville de New York l'a peu à peu corrompu. Se transformant à cause de toute cette pourriture ambiante, la prostitution et autres crimes peu ragoutants. Il est évident qu'il y a un certain stress post-traumatique sous-jacent, Travis rentre du Vietnam après libération honorable. Dans une autre vie, il aurait pu être le Punisher, mais c'est un film de Scorsese pas un Marvel (c'est drôle quand on sait le point de vue du réalisateur sur le sujet).
On parle souvent de la violence du film et de son côté choquant. Mais finalement il l'est plus dans les thèmes évoqués dans dans la réalité des faits. Mis à part la grosse scène finale, la majorité n'est que suggéré. Et même justement, le réalisateur et son équipe ont bidouillé tout ça, afin que le sang paraisse moins réaliste et ne se prenne la pire classification possible (X-rated soit un -18 mais en pire).
L'autre chose dont on parle souvent, est la fameuse scène du miroir et son « c'est à moi que tu parles ? ». C'est absolument et totalement justifié, ce passage est iconique, tout le monde l'a parodié, tout le monde l'a vu ou l'a dit un jour ou l'autre. Mais je ne pense pas que c'est la meilleure scène ou la plus mythique pour moi, sûrement à cause de ce rabâchage. Je parlais plus tôt de la séquence avec Scorsese acteur, souhaitant tuer sa femme qui serait en train de le tromper. Cette tension, la paranoïa dans les yeux de De Niro, les détails crus énoncés par son client, franchement ça en marque plus d'un.
Je n'ai finalement pas grand chose de plus à ajouter. J'ai déjà étonnement réussi à dire pas mal de choses. Juste un dernier petit truc, s'il vous plaît, faites moi plaisir et évitez de regarder ce film si vous vous sentez mal ou que vous êtes déjà au fond du trou. Parlez plutôt à quelqu'un de confiance et revenez une fois que vous vous sentez mieux.