Taxi Driver, film emblématique du nouvel Hollywood avec entre autre Le Parrain (1972) de F. Ford Coppola ou Voyage au bout de l’enfer (1978) de Michael Cimino, marque incontestablement l’accomplissement d’un tournant dans le cinéma américain. En effet, en proposant une rupture avec le cinéma classique hollywoodien (d’avant les années 70), Scorsese accompagné de son scénariste et véritable associé Paul Schrader, développe des structures narratives et de mise en scène qui chamboulent et même détruisent totalement les codes de ce cinéma. Autant dans la narration que dans la mise en scène, le point de vue adopté par Taxi Driver est « celui d’un solipsiste qui a perdu contact avec la réalité » comme le dira Michael Henry Wilson . Travis nous entraîne au plus profond de sa paranoïa à travers les « lumières mouvantes de la métropole »(Michael Henry Wilson) new-yorkaise qui l’oppresse. Scorsese traduit plastiquement le dévoilement progressif de son intimité et révèle les complexités de sa névrose. Il fait de Travis l’unique personnage qui voit et qui juge l’état immonde de sa ville. Ses propos puritains et son attitude paradoxale font de lui un être qui se mène seul à sa perte dans une société où il ne trouve pas sa place. Par des influences diverses venant des expériences culturelles de Schrader et Scorsese, le film aborde et traite autant de sujets dans le fond comme dans la forme qui appartiennent au mouvement du Nouvel Hollywood né au début des années soixante-dix. Par sa narration guidée par les pulsions de son personnage principal et sa mise en scène référencée par des cinéastes de la nouvel vague française, Taxi Driver s’inscrit parfaitement dans la lignée des films qui rompent avec les codes du cinéma classique américain.
Mais le plus important c'est que grâce à cela il en ressorte une œuvre aussi excessive et neuve que culte.