J’aime à revoir ce film lourd d’humanité. Tchao Pantin est un film qui transpire la solitude, la fatigue de vivre, la souffrance qui n’arrive pas à se dire, le poids de la vie. Coluche est ici magistral, dans un rôle tout en retenue et dans un personnage enveloppé de mystère.
Dans une première partie, son personnage, Lambert, est tiré de sa solitude de pompiste par Bensoussan, petit délinquant, qui entre dans sa vie. Cet homme qui se noie dans l’alcool semble trouver dans cette relation une raison de continuer à vivre. Il retrouve en lui le fils qu’il a perdu pour n’avoir pas su l’écouter. Il adopte rapidement une attitude paternaliste et protectrice envers Bensoussan.
Dans la deuxième partie, Lambert se transforme en justicier implacable et redoutable. Parce qu’il est déjà « mort », il n’a plus rien à craindre et rien ne peut l’arrêter.
Coluche est entouré par de bons seconds rôles : dans la première partie : Bensoussan (Richard Anconina) et dans la seconde partie Lola (Agnès Soral). C’est pour cette dernière que j’ai un faible. Cette punk au grand cœur est particulièrement touchante. Et c’est elle qui réussira à faire exprimer à Lambert son histoire et sa souffrance. Elle l’écoute, une main posée doucement sur sa poitrine, là où se loge la douleur. Cette « confession » de vie de Lambert, arrivera à temps pour qu’il ait pu au moins une fois dans sa vie dit son regret.
Ce film avare en paroles, arrive à nous toucher par le jeu des acteurs, les regards, les silences, la tristesse qui recouvre toutes ces histoires de vies meurtries. Un film dont le cinéma français peut se montrer fier à juste titre.