As de l'infiltration, rois de la frappe chirurgicale, champions de la diplomatie, la Team America veille sur vous et le monde libre, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. Enfin presque...
Le film de Trey Parker est à l'image des héros et de l'organisation qu'il met en scène, rentre-dans-le-lard, bourrin et portnawak. En apparence. Car Team America se fout avec une égale réussite tant du patriotisme aveugle et interventionniste que de la bien-pensance qui le condamne dans la bêtise la plus absolue et le suivisme le plus nauséabond. Renvoyées dos à dos, les deux attitudes sont parodiées, malmenées, brocardées et pastichées dans une ADM (Arme de Dérision Massive) explosive des plus corrosives et enthousiasmantes.
La première scène, dans un Paris de carte postale, mime, uniforme petit bateau et place pavée à l'appui ceinturée de tous les monuments de la capitale, donne le ton, le temps d'une attaque suicide outrée menée par des ayatollah terroristes au cri de Mohamed Djihad ! Le satisfescit collectif et la réussite de la mission tranchent avec les dégâts causés : Tour Eiffel effondrée, pyramide du Louvre détruite. La liberté est encore une fois préservée... Dans les ruines. La scène du Caire enfonce le clou dans la destruction collatérale et l'absence totale de finesse, au son de "N'ayez pas peur, amis musulmans, nous cherchons des terroristes !". Action haletante sur fond de musique pompière et pompeuse, de traumas plus crétins les uns que les autres, ou punchlines rances sorties d'un film de Michael Bay, le duo Stone/Parker en profite pour passer à la moulinette le film d'action, avec, surprise, pine d'huître, des chansons imparables d'irrévérence et de drôlerie, toutes instantanément cultes dès les premières notes.
Quant à faire peser le sort du monde libre sur les épaules d'un acteur, l'idée tient du génie, permettant au passage de brocarder de manière féroce toutes ces comédies musicales pseudos militantes ainsi que, via la Guilde des Acteurs Yankee, tous ces comédiens bien-pensants tendance gaucho se piquant de se mêler de politique, tout cela parce que "Matt Da-Monnn !!"
Team America fleure bon le comique anar irrévérencieux et salutaire où personne n'est à l'abri de la satire mordante, pas même Hans Blix et l'incapacité de l'ONU à se faire respecter d'une internationale terroriste clichée à fond les ballons et d'un petit mégalomane coréen à culs de bouteille et à la voix suraigue, un peu plus ridicule dès qu'il se lamente d'un "No one takes me seriousryyyyyy" des plus pathétiques et drolatiques.
Le final, haletant et alerte, procure la surprise de voir les marionnettes jouer de manière supérieure à celles des acteurs qu'elles sont censées représenter. Clooney, Penn, Baldwin, Hunt et consorts y sont plus vrais que nature, et finissant sans exception dans un bain de sang jubilatoire à échelle réduite et pourtant d'une réjouissance renouvelée. Les terroristes gauchistes, eux, finiront littéralement explosés, via un Michael Moore hilarant de crétinerie militante à mauvais escient. Tout le monde mange et en prend plein la tronche, de n'importe quel bord soit-il, avant l'apparition du all american héros coaché par son mentor adepte de la turlute dans une séquence parodique d'entraînement, tout cela parce que "Even Rocky had a montaaage ! Montaaaaaaage !"
Parodie tous azimut qui envoie tout le monde se faire voir et faite par deux sales gosses incontrôlables, Team America est un sommet de comédie bête et méchante ne respectant rien ni personne et qui, de plus, abrite en son sein le moment le plus sex de tous les temps ainsi que la scène de vomi la plus longue de l'histoire du cinéma. A priori anodines, ces deux séquences participent pourtant à faire du film un sommet indépassable de l'humour made in America... Fuck Yeahhhh !
Behind_the_Mask, Hey terrorist ! Terrorize this !