Cela fait quelques mois que « Ted » a attisé ma curiosité. Cette histoire de peluche qui parle m’intriguait. Les critiques élogieuses s’associaient à un succès public aux Etats-Unis pour accompagner sa sortie sur les écrans français le dix octobre dernier. Je suis allé le voir la semaine dernière. Je ne souhaitais pas trop tarder. En effet, la bande-annonce avait fini de me conquérir. L’affiche posait des jalons clairs quant à l’histoire. On découvrait Mark Wahlberg agenouillé en train de trinquer avec un ours, une bière à la main. Au second plan, la jolie Mila Kunis apparait désabusée de la scène. Le titre est accompagné du texte suivant : « Ted, 30 ans, ours en peluche. Fumeur, buveur, dragueur… Meilleur ami de l’homme, pire ennemi du couple ! ». Tout est dit. Tout est clair. Cette originale aventure est mise en scène par Seth McFarlane. Mon seul contact jusqu’alors avec son travail est un zapping hasardeux sur un épisode de « American Dad » dont il est le créateur et scénariste. L’humour transgressif de cette série alimentait mon optimisme quant à la réussite de ce « Ted ».
Le film commence comme un conte de fée. Un enfant solitaire fait un vœu : voir son ours parler et rester son meilleur ami « for ever ». La magie du cinéma fait que son souhait se réalise. Ainsi nait le phénomène Ted. Rapidement, cet ours en peluche devient une véritable célébrité. Néanmoins, à aucun moment il ne perd de vue l’amitié forte qui l’unit à John Bennet. Les années passent, l’enfance disparait, l’âge adulte apparait. John a maintenant plus de trente ans, possède un boulot sans grand attrait. Mais il a trouvé l’amour en rencontrant la ravissante Lori. Et Ted est toujours là et ne facilite pas la vie quotidienne du couple…
Le squelette de la narration est prévisible et indiqué sur l’affiche. En restant fidèle à Ted, John s’immerge de manière permanente dans l’enfance. Parallèlement, l’épanouissement de son couple passe par une plus grande maturité. La relation entre les deux amis les confine dans un comportement puéril qui use la jolie Lori qui possède d’autres rêves que fumer des pétards et boire des bières en regardant « Flash Gordon » à la télévision. Les femmes pourront reprocher au scénariste que le couple est opposé à la notion d’épanouissement et de fêtes. L’éternel débat opposant conjointe et copains est vieux comme le monde. Néanmoins, cet aspect manichéen n’est pas si catégorique du point de vue de Lori. Cela fait des années que Ted occupe son quotidien. Elle aimerait que cette relation cohabite avec la vie d’adulte dont elle rêve.
La première partie du film nous présente donc ce moment où le trio vit sous le même toit. On voit John alterner sa vie entre son copain et sa petite amie. Il oscille perpétuellement entre des réactions d’ados attardé et des moments plus touchants quand il se trouve avec Lori. Cette communauté vit un quotidien compliqué du fait du caractère particulier de Ted. A huit ans, l’image qu’on a d’un ours en peluche est loin de celle que nous offre le héros du film. L’ours picole, fait des blagues déplacées, s’avère vulgaire et est un client fidèle de prostituées. Bref, on est loin du gendre idéal. Cela offre évidemment des moments très drôles qui naissent bien souvent de dialogues particulièrement bien écrits. Les vannes fusent à un rythme très soutenu et font systématiquement mouche. On rigole de blagues qui pourraient nous outrer si elles n’étaient pas dosées remarquablement sur le plan du timing. Le travail d’écriture est à ce niveau-là remarquable. De plus, le comique de situation plus basique et gras est également exploité assez talent. « Ted » est drôle. On rit de bon cœur et bien souvent. Par contre, je tiens à préciser que ce film s’adresse à un public adulte. Malgré le côté « ours en peluche », les enfants n’ont rien à faire dans la salle.
Mais, le film ne se contente pas d’être un enchainement de blagues. De manière prévisible, le couple entre John et Lori souffre fortement des tensions nées de la relation entre Ted et le jeune homme. La crise s’installe. La communauté éclate. Il s’agit du moment difficile du film, indispensable à ce type de trame. Il est bien construit. L’empathie ressentie pour les trois protagonistes fait qu’on vit de manière plutôt intense ses scènes de tristesse. La dernière partie voit évidemment tout ce beau monde se retrouver autour d’une cause commune qui s’avère être une épopée plutôt prenante. L’émotion n’est pas du tout négligée par McFarlane. Je n’ai pas honte de vous dire qu’une des scènes finales m’a profondément touché. Les larmes ont coulées à l’approche du dénouement. Un film qui me fait rire et pleurer ne peut pas être un mauvais film. Je ne dis pas que tout le monde sera chamboulé à ce moment-là. Néanmoins, les spectateurs les plus fleur bleue risque voir leur sensibilité touchée.
Vous l’aurez compris, « Ted » m’a conquis. Il s’agit d’un des meilleurs films que j’ai vu cette année. Il faut dire que Mark Wahlberg possède un ours qui parle et sort avec Mila Kunis. Il vit dans le paradis des hommes ! L’idée de départ de l’histoire est originale. Elle est remarquablement exploitée. Il s’agit vraiment d’une belle réussite. En naviguant sur le site Allociné (www.allocine.fr), je viens de voir que « Ted 2 » est prévu dans deux ans. Je suis à la fois curieux et impatient de découvrir les nouvelles aventures de ce personnage qui ne laissera, je vous assure, personne indifférent. Mais cela est une autre histoire…
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