Dans ce qui est a priori une comédie décervelée et vulgaire, il est audacieux de prendre sérieusement l'argument absurde du premier opus (oui, "opus"), le nounours humain, et d'explorer ses implications philosophiques et légales, pour aboutir à un film appartenant à ce genre typiquement américain, le film de procès.
Le rapport avec la lutte pour les droits civiques/le mariage homosexuel/ l'homoparentalité coule de source. Ca donne lieu à quelques bonnes répliques (la caissière noire évoquant ses ancêtres) et ça permet aussi de voir un couple homo particulièrement gratiné, une belle paire de connards machistes!
Bien sûr, ça ne va pas très loin, soit l'avocat concluant que si l'on peut susciter autant d'amour, on mérite d'être considéré comme humain - Kit, je peux enfin te l'avouer, je t'aime ! Non, j'emmêle mes références, il n'est pas ici question d'une voiture/d'un cheval/d'un chandelier/d'un grillon/d'un éléphant/etc. doué de parole.
Ce qui nous amène à cette forte tendance très agaçante : le clin d'oeil à la culture pop des années 80.
Dans ces chères 80-90s ont fleuri d'infâmes comédies à la manière de "y'a-t-il un pilote dans l'avion", réalisées par de piteux surfeurs de vogue dont l'humour reposait uniquement sur la citation. C'est tout - on cite, comme c'est drôle (cf les Leslie Nielsen non ZAZ, les Hot Shots, les films des frères Wayans). Et malgré son bon quota de bonnes blagues, ce Ted 2 mise beaucoup là-dessus. C'était déjà au coeur du premier, dont la régression était le thème principal - que le nounours symbolisait idéalement, non? Mais ici ça semble n'avoir plus de justification, et devenir un pur gimmick consensuel et commercial. Qui culmine bien sûr avec la foire aux geeks, le comicon. Encore une manière de susciter l'identification d'une partie du public cible à peu de frais.
Alors bon, on ne saura pas à la fin si le nounours rêve de moutons électriques, mais on peut parier qu'ils vivront heureux et auront de nombreux enfants, lesquels ressoudent les couples en difficulté, tout bon white trash (heu, "white nigger") le sait bien.
Donc je lui mets 10 comme à tous les films, mais pas de coup de coeur quand même, parce que c'est pas le film ultime sur l'intelligence artificielle que j'attendais.
C'est pas non plus ma meilleure critique.
N.B. conversation imaginaire dans un restau chinois
"Flipper et Rintintin peuvent pas parler mais ils savent se faire comprendre !
- Oui, mais pas se faire aimer."
Contrairement aux cafards, qui nous sont naturellement si proches qu'il n' a même pas fallu les apprivoiser.
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