Ted fût une bonne surprise, pour sa première réalisation Seth MacFarlane avait su adapté son humour irrévérencieux sur grand écran. Il ne confirma pas avec son film suivant Albert à l'Ouest, en se donnant le premier rôle et surtout en démontrant qu'il est plus doué pour les voix et l'écriture, qu'en tant qu'acteur et metteur en scène. Avec Ted 2, il renoue avec ce qui a fait son succès, un humour parfois gras mais efficace, avec une pointe de réflexion sur la société américaine.
Seth MacFarlane est une anomalie dans le monde actuel où le politiquement correct est devenu la norme. A travers ses séries animées : Les Griffin, American Dad puis The Cleveland Show, il avait une liberté de ton assez étonnante dans une Amérique puritaine et sur une chaîne où sévit FOX News. En passant du petit au grand écran, il n'a pas mis du light dans son coca, bien au contraire.
On peut lui reprocher son humour graveleux, mais ce serait tellement réducteur. Il n'épargne personne, même s'il a tendance à frapper souvent sous la ceinture. Mais comment ne pas exploser de rire lorsque Mark Wahlberg se retrouve dans la banque du sperme ? Cela parait facile comme gag, cela ressemble parfois à une suite de sketchs et pourtant, il arrive à en faire un film cohérent de près de deux heures.
Il pose aussi une question récurrente : peut-on rire de tout ? Oui, mais pas avec tout le monde. Seth MacFarlane se permet de se moquer du 11 Septembre et quand on connait le patriotisme excessif des américains, c'est assez gonflé de sa part. Mais il ne s'arrête pas là et offre une des scènes les plus drôles du film, à base de Charlie Hebdo, Bill Cosby, Robin Williams, etc.... Il ne respecte rien, ni personne mais ce n'est jamais méchant, sauf pour les susceptibles ou ceux à la verge raccourcie (il faut voir le film pour comprendre). Le traitement infligé aux caméo est réussi, rendant même un certain quaterback que je n'apprécie guère, particulièrement sympathique, un sacré exploit. C'est un film très "américain", jouant avec sa propre culture par le biais des Rocky, Flash, Star Wars, Transformers et autres. Il semble léger au premier abord, mais la situation de Ted et les scènes au tribunal, renvoie ce pays à son passé peu flatteur. En se demandant si Ted est humain, il rappelle que l'homme noir a subi le même sort 150 ans plus tôt et se permet même de faire un parallèle avec Kunta Kinte, à travers une scène de fouet.
Seth MacFarlane pointe les horreurs de son pays à travers l'humour. Son film n'est pas militant, cela reste une comédie potache et régressive. En procédant de la sorte, il fait mieux passer son message, en évitant de nous abrutir avec un discours pompeux et de nous larguer en cours de route. Son humour va en rebuter plusieurs, surtout que c'est très "américain". Il va s'en amuser à travers le personnage de la remplaçante de Mila Kunis, Samantha Jackson interprété par Amanda Seyfried. Elle forme un savoureux trio avec Mark Wahlberg et Ted, ses yeux globuleux vont faire des merveilles. Comme dans Lovelace, elle surprend et fait preuve d'un talent insoupçonné pour la comédie, comme ce fût le cas pour son partenaire "mâle" dans le premier Ted.
Le supporting cast est tout aussi performant, avec Giovanni Ribisi affublé d'une superbe moumoute, que ne renierait pas Nelson Monfort. C'est dommage que son personnage soit un peu mis de côté, mais chacune de ses apparitions sont savoureuses. Sam J. Jones est toujours présent grâce à son rôle de Flash dans la version de 1980, ce n'est certes pas un bon acteur, mais son autodérision est bienvenue. Patrick Warburton est en roue libre lors du Comic-Com, en s'amusant avec les nerds, un régal.
Même si certains gags tombent à plat, c'est un film furieusement drôle et une des meilleures comédies de l'année. L'omniprésence d'Hasbro est parfois pesante, comme d'autres marques, mais cela passe mieux quand le film est réussi. La réalisation de Seth MacFarlane n'est pas encore enthousiasmante, on regrettera la bagarre lors du Comic-Con, mal mise en scène, alors qu'elle avait un fort potentiel comique et aurait permis au film de devenir presque incontournable.
Dans le marasme cinématographique actuel, c'est une bouffée d'air pas toujours frais, mais efficace pour remettre en forme nos abdominaux et zygomatiques.