Ça m'ennuie beaucoup de coller un petit 4 à ce film réalisé par Roger Corman en 1957. Parce qu'il faut impérativement reconnaître qu'il y a de très bonnes idées dans le scénario de Teenage Doll : un contexte social déroutant, une bande d'adolescentes un brin égarée et forcément confrontée à ce contexte, ainsi qu'un chouette personnage de "fille à papa" complètement paumée et qui se voit responsable d'un meurtre involontaire. Le tout plié en 68 minutes tapantes avec un budget aussi maigre que celui d'un clip de Venus Berry.
Considéré par certains critiques professionnels comme étant l'un des meilleurs films abordant le sujet de la délinquance juvénile dans les années 1950, Teenage Doll n'en reste pas moins bâclé. Si un générique introductif et animé surprend incontestablement de par son originalité créative, l'amateurisme du casting et le peu d'importance accordée à l'atmosphère globale tendent néanmoins à infliger une froide distance avec le spectateur.
Le côté peu aimable de la chose aurait pourtant dû considérablement m'emporter dans cet univers quasi exclusivement féminin (ordinairement, j'aime les films peu aimables), mais ce ne fut malheureusement pas le cas ici malgré les nombreuses qualités du script rédigé par Charles B. Griffith. La faute sûrement à un tournage expéditif (Corman réalisa 9 long-métrages cette année-là) et le peu d'attention portée à la direction artistique de l'ensemble. Même s'il reste la surprise d'y retrouver la jeune Barbara Wilson dans un rôle secondaire avant qu'elle ne fasse hurler la censure en apparaissant dans son plus simple appareil 2 années plus tard dans la coproduction américano-suédoise Terror in the Midnight Sun où elle tint le haut de l'affiche. Dans le rôle de Betty, fille d'un policier dont elle dérobe l'arme de service pour abattre une rivale, elle reste incontestablement ici la meilleure actrice du projet.
Comme je le soulignais plus haut, si le personnage de la "pauvre petite fille riche" incarnée par June Kenney s'avère intéressant sur le papier, il aurait certainement été bien plus touchant s'il avait été interprété par une comédienne plus impliquée.
Bref, une œuvre semi-ratée car séduisante sur certains points, mais qui aurait largement mérité une attention bien plus bienveillante de la part de Corman.