Les premières séquences installent un climat d'inquiétude que la narration entretient tout le long du film. Le mal-être, la colère et un puissant sentiment de culpabilité rongent Miklos après la mort accidentelle de son frère alors que la cellule familiale déjà bien fragile plonge dans le chaos.
Tissant un récit torturé à partir du classique schéma du questionnement sexuel de l'adolescence, Teenage kicks en densifie les thématiques en dessinant des personnages pas totalement sympathiques. Chacun hormis la compagne enceinte du frère disparu semble se débattre avec d'intimes démons. Toutes relations s'en trouvent affectées.
Si le personnage principal découvre et doit faire avec l'attirance qu'il éprouve pour son meilleur ami, les conflits qui l'habitent ne lui facilitent pas la tâche. Aussi progresse-t-il en se cognant contre d'impossibles murs le séparant d'un récit familial enfoui dans le silence et les non-dits. Son apprentissage identitaire avance par étapes fracturées, pas toujours lisibles, souvent douloureuses.
La mise en scène nerveuse et baignée de musique épouse une narration imparfaite mais suffisamment nourrie pour faire oublier les quelques maladresses formelles. Le climat érotique est savamment entretenu et ne verse jamais dans le voyeurisme, amplifiant au contraire le trouble du jeune Miklos. Dan, son meilleur ami, surfeur blond aspirant à une vie amoureuse sans nuages, plus complexe qu'il y paraît, participe avec tous les autres personnages au maillage narratif d'un film qui oscille entre le mélodrame et la quête initiatique.
Avec Teenage kicks, le cinéaste australien Craig Boreham signe un premier long métrage prometteur.