Tel père tel fils est un film japonais réalisé par Hirokazu Kore Eda. Sorti en 2013, il gagne le prix du jury au festival de Cannes. Abordant cette fois-ci comme sujet, la relation entre le père et le fils, détruite par un lien du sang disparus, Kore Eda met en scène deux familles, les Nonomiya et les Saiki, socialement opposées qui apprennent que leurs enfants Keita (ayant vécu chez les Nonomiya) et Ryusei (ayant vécu chez les Saiki) ont été échangé à la naissance. Bien que le sujet abordé soit un vrai drame, Kore Eda aborde ici l’enfance tout en douceur comme on peut le retrouver dans Nobody Knows (2004) ou encore Nos bonnes étoiles (2022), deux tragédies familiales.



En effet, par ce long métrage, Kore Eda aborde la question du bonheur et de l’épanouissement de l’enfant dans la société capitaliste du Japon. Malgré une mise en scène un peu cliché, le réalisateur évoque l’écart social des familles par le regard des enfants : « on dirait un hôtel » raconte Ryusei après avoir séjourner dans la maison des Nonomaki, la famille riche. Au contraire, la mise en scène appui le désordre et les couleurs présentent dans la maison des Saiki, une famille plus modeste mais très aimante. Rapidement ce fait le décalage entre les pères des deux familles : l’un, tenant un emploi plus modeste, consacre beaucoup de temps à sa famille et ses enfants, animant un foyer aimant et chaleureux. L’autre, tenant un poste important d’une entreprise de construction, se réfugie dans le travail évitant ainsi l’occupation de son fils, qui est relégué à sa femme. Se sera notamment, le directeur de l’entreprise qui fera remarquer à Ryota (le père Nonomaki) : « C’est votre travail qui permet à nous les supérieurs de consacrer du temps à notre famille ». L’absence du père est aussi présentée par les plans dans la maison où on entend Keita jouer du piano hors champs sans qu’il ne rentre dans le cadre. Cela créer un décalage, comme si Ryota était étranger à la maison et aux personnes y vivants. De plus, on observe que cette distance sociale des deux familles se répercutent sur Keita et Ryusei, les deux enfants échangés à la naissance : dès l’échange des photos à l’hôpital on remarque que Keita est représenté par des couleurs très sobres, muni d’un habit très chic, à l’image de son père. Au contraire Ryusei est représenté pendant des vacances, souriant la photo saturée de couleurs. On retrouve alors l’image du père stricte et l’autre aimant.


Mais bien qu’ici Keita ait six ans, on retrouve aussi par des gestes ou des regards la culpabilité de l’absence de son père qui le juge trop doux. C’est un enfant obéissant, ne dépassant aucune limite à l’image de l’enfant parfait attendu par le père. Mais les photos prise par Keita révèlent cette douleur entre la distance du père et de l’enfant : les photos révèlent Ryota pris en photo pendant qu’il dormait, comblant le manque d’affection du père. Cette distance est finalement évoquée par une des scènes finales, où Ryota poursuit Keita à travers les rues de la banlieue de Tokyo. A travers les arbres séparant la route prise par le père et l’enfant, Ryota demande pardon à son fils pour cette absence : les deux chemins finissent ainsi par se rejoindre, réunissant le père et l’enfant dans une embrassade affectueuse, première scène explicite de tendresse entre les deux.


Le film met aussi l’accent ici sur la maternité des femmes et de leurs rôles associés. On remarque tout au long du film, que Keita est entouré par un père trop occupé pour faire attention à lui, est une mère aimante, entièrement présente pour lui mais avec distance pour convenir aux valeurs voulu du père « l’autonomie ». Ainsi la mère se retrouve bloquée à son rôle de mère, en confrontation avec son mari qui après avoir appris l’échange des bébés à la naissance prononce « tout s’explique donc… », mettant en avant les liens du sang, ce que la mère considère comme trahison après les six années passées avec Keita. De plus, c’est à la mère qui est accusé la faute de n’avoir pas remarqué cet échange, créant la culpabilité chez Midori (la mère Nonomaki).



J’ai beaucoup aimé ce film, pour son ton doux malgré le thème dramatique du film. Je trouve que Kore Eda met en scène ici parfaitement l’importance de la place de l’enfant et des raisons de son épanouissement. Ce film est une belle leçon de vie sur les objectifs que nous nous fixons, tout en tout menant la réflexion chez le spectateur sur les réels impacts et conséquence de notre existence et de nos actes. J’ai aimé, la réalisation sans jugement de Kore Eda, qui ne désigne pas de « Méchants » mais juste certaines réalités de la vie, permettant aux spectateurs de comprendre les personnages présentés, tout en observant leur développement.







Jo2022
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le 21 déc. 2022

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