La société nipponne épinglée
Hirokazu Kore-Eda possède le sens du contraste… Il nous offre avec « Tel père, tel fils » un film d’une beauté subtile et d’une puissante intensité dramatique. Même si l’on peut regretter quand même quelques longueurs et deux ou trois scènes inutiles, beaucoup plus que nous apesantir, il nous plonge en apesanteur. Si le pitch est similaire à « La vie est un long fleuve tranquille », Kore-Eda en fait l’antithèse, refoule tout manichéisme et construit son drame avec une belle lucidité, une empathie généreuse et le couvre d’une aura poétique. Mais il n’y a pas que cet amour si grand, si fort qui s’impose à l’écran. A la manière (et surtout l’intelligence d’un Balzac) Kore-Eda nous donne une seconde lecture ; la dimension sociale. Le réalisateur épingle la société nipponne et évoque tour à tour, le poids des traditions, la condition de la femme, la réussite professionnelle, les gênes... Son constat est sévère, parfois amer, mais la fin nous offre une très belle lueur d’espoir. Cela fait bien longtemps que l’on avait pas vu un film où une telle précision, justesse et sensibilité se font d’une l’histoire, de prime abord, être rébarbative, et qui est en fait tout le contraire… Kore-Eda sur les traces d’Ozu ? Cela ne fait aucun doute !