Et si le Cinéma était surtout, avant tout, envers et contre tout une simple affaire de dispositif ? A l'aube du XXIème Siècle Abbas Kiarostami tourne Ten, déca-logue limitant son cadre à l’exiguïté d'une voiture cheminant au travers du trafic urbain de la capitale iranienne : Téhéran. Pour ce faire le cinéaste place sa caméra DV entre le volant du conducteur ( ici, la conductrice...) et la place du mort pour mieux la fondre dans l'espace restreint des deux sièges... en résulte un film passionnant enchaînant des dialogues faisant moins avancer un récit encore à découvrir que réellement faire exister, rendre concret ce qui se passe à l'image...
Ten montre donc dix moments de la vie d'une seule et même femme aux emplois fictifs divers et variés : à la fois mère de famille, compagne, chauffeuse ou confidente Mania Akbari irradie chacune des dix séquences dudit film, montrant possiblement une société iranienne alors en pleine mutation idéologique. Émancipation féminine, diktat de la jeunesse patriarcale, commerce sexuel de la prostitution... Ten montre les rapports délicats que la conductrice entretient à son corps défendant avec les différents passagers proposés par Kiarostami, s'imposant évidemment comme une belle leçon des échanges intimes en milieu sociétal : c'est superbe !