Tendre et saignant par pierrick_D_

Charly,rédactrice en chef d'un journal de mode,hérite de la boucherie familiale au décès de son père.Elle pense s'en débarrasser mais un concours de circonstance l'amène au contraire à reprendre l'affaire avec l'aide de Martial,qui était le bras droit et le fils spirituel du défunt.Il s'agit là du second film réalisé par Christopher Thompson,douze ans après l'excellent "Bus Palladium".Il en est en outre coproducteur,avec notamment Orange Studio,et coscénariste avec Fabrice Roger-Lacan qu'il retrouvera pour la série télé "Fortune de France".Le fils de Danièle Thompson,et petit-fils de Gérard Oury,offre une oeuvre contrastée navigant laborieusement entre romcom et description du milieu très particulier de la boucherie.Le premier aspect est très raté,déroulant mollement une romance vue et revue mille fois,sans l'élan et l'humour des comédies anglo-saxonnes.On ne croit pas une seconde à cette idylle en pointillés entre une modeuse chicos voulant rompre avec son passé et un louchébem brut de décoffrage obsédé par son métier.Leurs atermoiements incessants donnent lieu à une enfilade barbante de rendez-vous manqués,une déconvenue intervenant de manière téléphonée à chaque fois que l'un d'eux veut déclarer sa flamme à l'autre.Et on sait naturellement à l'avance comment ça finira.La dimension documentaire fonctionne en revanche beaucoup mieux,d'autant que le sujet est gonflé.Glorifier la boucherie artisanale à l'heure de la crise économique,du véganisme hystérique,des normes délirantes,de l'invasion du halal et de la mort d'un petit commerce asphyxié par la grande distribution ne peut que susciter la sympathie.Cela étant le film met en exergue un négoce de luxe réservé aux bourgeois des beaux quartiers et à la clientèle rupine des restaurants étoilés.Il est évident que le prolo de base n'a pas les moyens de se fournir dans ce genre de boutique vu les prix affichés.Il est vrai que ça ne leur servirait à rien puisqu'on a affaire à des sans-dents.Autrement ça traite d'artisanat de pointe et de filières de qualité mais aussi de ce nouvel outil qu'on appelle la communication,indispensable dans le nouveau monde hyperconnecté.L'argent est au centre des préoccupations et sa nocivité corruptrice est opportunément dénoncée via la dérive du pourtant rigide Martial.L'opposition entre l'univers artificiel et frelaté de la mode et l'authenticité rustique du milieu boucher est bien campée à travers le personnage de Charly qui revient vers ces racines qu'elle voulait fuir,évoquant le même cheminement que celui décrit par "Premiers crus" dans le monde de la viticulture.Géraldine Pailhas,qui était déjà dans "Bus Palladium",incarne très bien ce personnage à la croisée des chemins mais elle a pris un sacré coup de vieux qui amenuise considérablement son supposé pouvoir de séduction.Arnaud Ducret performe également en grand couillon rustre et entêté au don professionnel miraculeux.Alison Wheeler,la pseudo humoriste de l'émission "Quotidien",fait le job efficacement en collègue hypocrite de Charly,tout comme Stéphane De Groodt en restaurateur dragueur.Jean-François Stévenin parvient avec très peu de scènes à émouvoir et Valentin Papoudof,le légiste barré de la série "Tropiques criminels",confirme sa forte présence en grossiste entubeur de Rungis.Note et critique de film de Christopher Thompson publiées précédemment:"Bus Palladium"-7.Moyenne:6.