Grand-guignolesque et complètement débile

"Dario Argento, le maître du giallo"... ou prétendu tel. En tout cas, Ténèbres n'est pas un film de maître. C'est même franchement mauvais. Ça n'a ni queue, ni tête !
On a beau tenir compte de son statut de "film de genre" et... sourire aux effets horrifiques des trois premiers quarts d'heure (style le clodo bien crade coursant la minette à jupe ultra-courte le long d'une avenue déserte, clodo bientôt remplacé par un doberman toutes dents dehors et capable d'escalader une palissade grillagée de 2 m 50 de haut, etc.), vient quand même un moment où on finit par en avoir marre de voir des nanas ou des mecs trucidés de toutes les façons mais de préférence bien sanguinolente (à l'arme blanche : coups de couteau, coups de hache, laquelle est toujours opportunément disponible), sans motif (apparent ou dissimulé) et sans qu'on n'y comprenne rien. Gorges tranchées, crâne fendu à la hache jusqu'aux sourcils, avant-bras coupé net, meuf hurlante et agitant son moignon qui pisse le sang, etc. Homme ou femme à qui la main de quelqu'un qu'on ne voit pas enfonce soudain (et de façon complètement inattendue) un coutelas dans le bide en gros plan avec évidemment cris et sang à la clé. Presque tous les personnages avec un vague rôle dans le film mourant de mort violente, et ça jusqu'à la toute fin, avec quasiment aucune explication (en tout cas, qui tienne debout).
Ce qui peut, à la rigueur, apparaître comme réussi, c'est le contraste entre le cadre et niveau de vie des personnages (voitures et appartements luxueux, costumes et vêtements de beau design) qui sont ceux de personnes aisées, d'un bon milieu (climat BCBG qui peut rappeler certains films de Hitchcock) et ces morts sanglantes, violentes, stupides, absurdes (mais mises en scène avec une sorte de délice), qui interviennent presque sans interruption jusqu'à la fin du film (et que parfois, le spectateur voit venir à l'avance : par ex. le meurtre par étranglement du jeune homme... dont je n'ai d'ailleurs pas très bien compris quel lien il avait avec le personnage principal, à savoir l'écrivain de polars à succès). Pendant toute la deuxième moitié du film, on est partagé entre l'ahurissement, le dégoût et le rire nerveux. Et on sort de la séance abruti, presque honteux d'avoir visionné un métrage aussi ridiculement mauvais et d'aussi mauvais goût.
Résumons. Ténèbres, giallo sorti en 1982, huitième long métrage de Dario Argento, est un film particulièrement mauvais, grand-guignolesque, parsemé de meurtres gratuits pour la plupart (en tout cas inexpliqués, incompréhensibles) et de morts ultra-violentes. Bref, complètement débile.