En créant le très dense "Tenet", C. Nolan cherche encore une fois à montrer la complexité de son cinéma, un cinéma qui, comme on le sait bien, mérite plusieurs visionnages pour être saisi dans son entièreté. Mais alors qu'il nous propose des scenarii toujours plus complexes, futuristes et technologiquement avancés, ces intrigues n'en restent pas moins profondément kitsch et ses personnages campés dans des schémas relationnels/érotiques/amicaux vraiment dépassés. Quel cynisme de voir qu'en faisant une fable sur le temps qui avance et qui recule, Nolan nous offre ce décalage assez risible entre ambitions futuristes et tropes hollywoodiens vus et revus (les scènes d'exposition avec des agents top-secrets, le milliardaire russe, LE personnage féminin dont le seul objectif est de pouvoir passer du temps avec son enfant, etc.). Les enjeux sont mal détourés, les dialogues bien pauvres et le tout se prend quand même grandement au sérieux. Les trois premiers et les trois derniers quarts d'heure sont très peu poignants, si bien qu'on ne peut se satisfaire que d'une petite heure, forte en adrénaline et en complexité scénaristique, qui nous tient plus ou moins en haleine avant de nous perdre complètement. On peut quand même noter un jeu d'acteurs vraiment intéressant, notamment de la part du protagoniste, qui à de nombreux égards s'éloigne du héros traditionnel de blockbuster.