Qui est le plus immature ? Eva (Daniela Marin) est une adolescente rebelle, certes. Elle est bousculée par le divorce de ses parents et la relative pauvreté du père (Reinaldo Amien Gutierrez), mais elle n’a rien de l’errance des autres protagonistes adolescents rencontrés dans les salles obscures du festival de Arcs : elle est plus vieille que Cáit (The Quiet Girl), n’a pas la quête de genre d’Adrianna (L’immensita), n’est pas victime de harcèlement comme Danni (Beautiful Beings). Et contrairement à tous les protagonistes cités, elle a le choix de vivre chez l’un ou l’autre de ses parents. Bref, Eva se plaint souvent pour peu, et parfois pour rien, cette jeune rebelle. Bien qu’il se revendique social et onirique, Valentina Maurel nous trompe en nous projetant finalement une adolescente vivant à la mesure de l’hubrys, et qui n’a de problèmes que ceux qu’elle se crée. Si elle ne mène pas l’existence d’une petite fille modèle tiré de la Comtesse de Segur, elle bénéficie à la fois du capital financier par sa mère, et du capital symbolique par son père. Une bobo, naviguant entre les différents panoramas qui peuplent la classe moyenne costaricaine. Et si l’âme de ce premier long métrage de la natif du Costa Rica ayant fait ses études en France à l’INSAS ne viendrait pas d’Eva, qui occupe et l’écran et le récit, mais du père, qui est le seul personnage romanesque du film ? Une vision qui relèguerait le quotidien au rang de comédie, et dont tous les ressorts, positifs ou négatifs, seraient au mieux risibles et au pire des chimères. Une vision seule à même d’éclairer la séquence finale où Eva appelle la police pour embarquer son père avant de lui décocher un ultime sourire, face à face, l’une et l’autre dans une voiture. Une vision onirique qui fonctionnerait si la protagoniste était emprunte d’un certain lyrisme - ce que ne sont pas ses problèmes d’adolescent.