Oh, Les Dents de la Mer, c'est très surfait (ironie), mais connaissez-vous Octopus 2, les tentacules de l'Hudson ? C'est l'histoire improbable d'une énorme pieuvre qui n'aime pas que deux jeunes amoureux se fassent des bécots sur la jetée (allez hop, un bras mou en plastoc sur la fille, et Monsieur qui se fait aspirer sous la flotte : ouverture très efficace pour comprendre le film dans lequel on s'engage), ni que des flics plongeurs s'intéressent au cadavre de la fille coincée dans une épave (allez hop, des bubulles partout : plus de collègue flic), ni que des bateaux naviguent au-dessus de sa grosse tête bombée. Qu'à cela ne tienne, voici les deux gros yeux jaunes vicieux qui se mettent au ras de l'eau, et préparent déjà leur prochaine attaque, à coups d'effets spéciaux numériques absolument écœurants (la bataille finale vous fera tomber les lentilles de contact : on dirait un vieux Hitchcock, avec le fond et le premier plan qui jurent l'un sur l'autre, avec des CGI baveux en guise de fond et des acteurs en roue libre au premier plan, on précise). Mais le pire, dans tout ça, c'est qu'Octopus 2 n'est pas ennuyeux, malgré sa qualité catastrophique : il n'y a pas beaucoup de blabla (l'habituel remplissage des mauvais nanars, ici plutôt très concis : "Chef, il y a un poulpe géant dans l'Hudson." / "Vous mentez, aboulez votre plaque." / "Je vous prouverai que vous avez tort ! Je vais le faire exploser, le vilain Carlos !"). On a même droit à
un feu d'artifice, quand on fait exploser le poulpe
, et encore, vous ne savez pas le meilleur : le film ne s'arrête pas là, il y a encore une demi-heure de rab. Ambiance film catastrophe, ou plutôt Daylight (le film avec Stallone), car
la bombe qui a tué le poulpe a mis à mal les tunnels du coin, coinçant les gens dedans avec l'eau qui monte de toutes parts...
On suit donc dans cette dernière demi-heure le flic-héros qui essaie de rejoindre sa fiancée réfugiée dans un bus scolaire piégé dans le tunnel, qui a aussi récupéré une mamie et son petit chien (le sauvetage du chien dure une éternité, si vous avez une once d'amour pour les bêtes : vous allez beugler sur votre téléviseur que le sauveteur est un manchot). Mais peut-être ne pesterez-vous pas contre Octopus 2 qui se révèle étonnamment généreux en scènes d'action, et change de problème principal à une demi-heure de la fin (pour varier les plaisirs). Aussi raté visuellement qu'intriguant narrativement : un vrai bon nanar bien sympa.