Nous pensions le problème définitivement réglé, mais les producteurs ont la main verte et savent comment faire pousser une oasis au milieu d’un désert de cendres à grand renforts d’engrais pyrotechnique. Quand la pousse arrive à maturité il est alors le temps d’en récolter les lauriers puis d’automatiser la ligne de production quitte à assécher le concept jusqu’au bout. James Cameron préféra lâcher la barre à Jonathan Mostow pour aller filmer les grands fonds plutôt que de participer à ce nouveau cycle de destruction. David Fincher, Ridley Scott, et John McTiernan n’en ont pas voulu, ce qui ne présageait alors rien de bon. Deux ans après les attentats du World Trade Center, le sujet s’y prêtait pourtant plus assurément qu’il y a 10 ans, et ce malgré un long development hell. Schwarzy avait beau ne plus être dans le coup, il avait tout de même promis qu’il reviendrai pour remettre le couvert une dernière fois dans le rôle du Terminator avant de se consacrer pleinement à sa fonction de Governator. Et c’est par une habile pirouette scénaristique à base de boucle temporelle que cette conclusion (provisoire) nous projette dans une lutte acharné entre le T-X qui n’est qu’un décalque féminin du T-1000 et son homologue masculin le T-850, un modèle rendu obsolète par une bonne décennie de CGI. Faute d’un supplément d’âme (John Connor pris en étau entre deux robots, bien trop peu charismatique pour reprendre le flambeau), Jonathan Mostow va donc se résoudre à livrer ce qu’il sait faire de mieux (Breakdown Point de Rupture) soit un thriller routier au tarif d’une série B de luxe (175 millions). Son Terminator à lui semble désormais trop vieux pour ces conneries, mais qu’importe tant que les coups atteignent leur cible avec perte et fracas, et que la débauche d’artifices mise en place suffise encore à faire illusion même quand le moteur tourne à vide.
Terminator 3 Le Soulèvement des Machines est un peu le prototype hybride du cinéma d’action orienté entre deux méthodes de conception : celle plus risqué mais impactante qui permet de ravager l’intégralité d’un quartier de L.A. avec une grue simplement pour le plaisir de voir des cabrioles de bagnole et des bâtiments réduit en un tas de gravats fumant. Et l’autre plus subtile qui nécessite l’apport des outils numériques afin de gommer certains défauts visuels ou d’insuffler une bonne dose de gigantisme comme une déflagration nucléaire. Si on écarte néanmoins son mimétisme qui rejoue certaines des séquences les plus emblématiques de son prédécesseur (le stripclub, les empoignades musclés dans les chiottes, les courses poursuites, le sacrifice tire-larme…), cette séquelle s’apparente en tout point à une entreprise de destruction de son modèle (Terminator 2) à un degrés de sophistication moins poussé à peine compensé par quelques traits d’humour parodique et une débauche de testostérone qui renvoie la femme à une place plus archaïque, cet à dire à l’arrière dans le coffre, voir carrément dans le décor. Personne ne se souvient encore de Kate Brewster qui avait la lourde tâche de succéder à Sarah Connor. Quant à Kristianna Loken, c’est tout juste si elle ne devrait pas s’excuser de voler la vedette au tout puissant patriarche (Arnold Schwarzenegger) qui tente encore et toujours de résister au progrès(sisme). De guerre las, le spectateur devra supporter les complaintes de cette acolyte féminine liant le futur chef de la résistance à son destin. Le ton est donc bien plus pessimiste que chez Cameron qui avançait l’idée qu’'il n’y avait pas de fatalité. Pour Mostow, les jeux sont faits. La partie était même déjà joué d’avance. Il savait qu’il ne pourrait pas remporter ce bras de fer face à un tel mastodonte, et que le public ne manquerai pas de les comparer. Terminator n’est donc plus cette mécanique en acier inoxydable produit par l’un des meilleurs artisans que l’industrie est formé, mais bien un alliage de métal grippé. Pourtant et à l’instar de sa star vieillissante, celle-ci fait le boulot grâce à des money shot très spectaculaire, et parvient encore à produire son petit effet plus de 20 ans après, du moins tant que la machine ne se met pas à patiner sur une flaque de WD-40 (la séquence où le T-850 tente de refréner ses instincts meurtriers est assez risible sur le plan dramatique).
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