Nouvelle héroine évanescente ce qui pose des problèmes pour la suite. Schwarzy somnolent.

Ce sixième opus ne laissera pas de grands souvenirs mais est honorable dans le paysage actuel et par rapport aux errements de la franchise. Il évite les emballements scénaristiques et les allers-retours temporels qui ont rendu T5 divertissant mais sévèrement bancal. Genisys avait une tendance malheureuse à gâcher ses propres efforts voire à annuler certaines donnes, Dark Fate évite ces écueils et les résurrections, retournements de veste ou de dernière minute. Il est donc un peu moins kitsch et beaucoup moins incohérent, sans offrir un filon manifestement 'juteux' pour la suite - des bases plates plutôt que solides ou contraignantes. Rien de surprenant où que ce soit : Cameron a annoncé un mois avant la sortie une trilogie à venir si cet opus est rentable, c'était déjà l'espoir présidant à Genisys voire à Renaissance ; le nouveau film ne vole pas nécessairement plus haut que ses trois prédécesseurs mais personne ne devrait regretter l'écrémage d'une saga si peu respectée que même les geeks ont assez peu nourri la polémique passé le climax cool/pré-ringard de l'extrême de Terminator 2.


Les abus et choses incongrues sont fatalement de la partie, en particulier concernant la métamorphose de Schwarzy et son vécu entre-temps ; des grossièretés fonctionnelles plutôt que des gratuités, même si clairement les auteurs ne se sont pas foulés. Le film livre ce qu'on attend de lui, propose de longues scènes énergiques, spécialement la course-poursuite du début qui n'est pas trop ridicule par rapport à celle de Gemini Man. On peut être un peu las quand vient le passage de la fonderie, ou quand précédemment celui en centre de détention ou à la maison s'éternisent, mais les effets spéciaux ne déçoivent pas et les statuts évoluent au niveau des personnages. Ces derniers restent assez frustes à l'exception de Sarah Connor, ou véritablement de Linda Hamilton, la seule apparemment en mesure de délivrer largement son jeu et tirer son épingle sans être trop surlignée par le montage ou starifiée (contrairement à la nouvelle recrue qui ne prend vaguement d'étoffe que par ce biais dans le dernier tiers).


Malgré ce détail il n'y a pas de discours et encore moins des convictions, seulement de l'opportunisme pour étancher les rouages. T6 est éventuellement 'féministe' de fait puisqu'il présente un trio d’héroïnes dans l'action, des humaines diversement améliorées – mais leur genre ne sert même pas à doper spécifiquement comme dans le film d'exploitation Revenge ou dans des Lara Croft. Même chose concernant les positions anti-Trump, les mexicains et l'immigration ; la fille est une latino et on passe la frontière avec une série de wagons remplis de mexicains où les deux blanches sont des intruses. Là-dedans pas de discours, juste de la normalisation superficielle d'un bout d'existence de ces gens – peu importe qui est à bord, leur sort n'est rien par rapport à ce qui se joue dans le film. Les studios feraient mieux de tenir cette position d'ouverture et d'indifférence en se souciant plutôt d'un casting crédible donc sportif, ce à quoi nous avons droit ici. L'ancrage et la nostalgie ont permis de placer des vieux dans de de telles positions, c'est un autre bon point (c'est ennuyant de voir des jeunes fraîchement sorti des écuries Disney/Instagram, ou dotés d'une tête à s'y retrouver, s'ébrouer avec leur manque de personnalité). Néanmoins ces adultes sont trop lisses par rapport à John Rambo et Schwarznegger* n'a plus le charisme dont il jouissait dans Le dernier rempart.


https://zogarok.wordpress.com/2019/10/31/terminator-dark-fate/

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le 31 oct. 2019

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