Quand on veut sortir un nouveau film tiré d’une franchise culte, il y a deux façons de faire :
Méthode 1 : Terminator Salvation en 2009.
Tu tentes de donner un nouveau souffle à la saga en te concentrant sur une autre période que celle habituellement traitée : la lutte de John Connor contre les machines après le jugement dernier. Tu introduis un nouvel univers, de nouvelles machines, de nouveaux personnages et de nouveaux enjeux. Tu t’appuis sur un casting plutôt très convaincant à base de Christian Bale, Sam Worthington (qui sait être bon quand il veut) ou Helena Bonham Carter.
Résultat, tu obtiens un film agréable sur lequel s’appuyer pour balancer de la suite à outrance et faire tourner la machine à pognon, puisque c’est ça le but plus ou moins ultime du bordel.
Ou alors, tu choisis la Méthode 2.
Tu commences par foutre en l’air toute cohérence en changeant l’intégralité du casting, c’est plus sûr. Faire vivre des personnages déjà connus en changeant radicalement leur gueule c’est toujours un gage de réussite. Pour vraiment marquer le coup, tu désignes de préférence des connards finis comme Jai Courtney qui n’a pas un putain de film correct à son actif mais continue de tourner pour une raison qui échappe à la communauté scientifique, ou Jason Clarke qui rend John Connor tellement insipide que la production lui a rajouté des cicatrices au vitriol pour montrer que le mec risque sa vie de temps en temps.
Comme tu veux être sûr de remplir les salles, tu contactes Daenerys Targaryen et tu places discrètement une scène où elle se fout à poil, ça fera de mal à personne. Et puis comme t’es pas non plus un génie tu te repose comme un enculé sur la star des précédents opus en l’exhibant à longueur de scènes qui déclame toutes ses répliques cultes pour montrer que tu respectes l’héritage de l’œuvre. Pour ce qui est de l’interaction des personnages, tu te contentes de transposer l’histoire d’amour que tu as vécu avec Lucie en 5ème à ton duo d’acteur. Tu te dis que si Schwarzy place des blagues au bon moment, personne ne s’apercevra du subterfuge.
Une fois le problème des acteurs réglés, tu te penches trois secondes sur le scénario avant de réaliser que c’est un détail compétemment superflu. Tu le torches donc en quelques minutes en balançant un peu de voyage dans le temps pour revisiter des scènes déjà existantes où tes héros défoncent sans forcer les deux ennemis des premiers films. Pour ne pas avoir à justifier une cohérence quelconque, tu insiste bien sur le fait que « tout a changé », mais même toi tu ne sais pas pourquoi.
Puis comme tu ne peux pas te contenter d’uniquement pomper ce qui a déjà été fait, tu te casses le cul à créer ton propre méchant qui doit être plus gros, plus moche, plus fort que tous les autres. Bon au final tu chies un robot invincible sans trop de personnalité qui se fait défoncer par des aimants de lampadaires obsolètes.
Tu saupoudre le tout de dénonciation pertinente sur la technologie, parce que si un film n’est pas un peu politique il n’a pas de raison d’être. Enfin c’est ce qu’on t’as dit toi tu t’en fous en vrai.
Péniblement, tu arrives à raccorder chaque scène d’action à la suivante pour obtenir une histoire qui tient vaguement debout sur le plan physique et tu vomis un happy end bien sucré pour satisfaire ta profonde conviction : le bien gagne à la fin parce que la guerre et la mort c’est mal. On te signales gentiment que l’esprit de la saga c’est pas vraiment ça alors tu rajoutes à contrecœur une scène post générique que même toi tu ne comprends pas mais qui laisse une fin ouverte.
Au cas où ton chef d’œuvre ait tellement de succès qu’on te commande une suite. Mais pour être honnête, tu as un peu de mal à y croire.