Avec ces imbéciles d'exécutifs cravateux et toutes leurs bandes annonces qui spoilent la quasi totalité du scénario, je savais par la force des choses ce qui m'attendait dans ce Terminator Genisys, avec ce John Connor passé à l'ennemi. Mais bon, si c'est bien emballé, cela peut être pas mal. Gardons la foi, c'est Terminator quand même !


Deux heures plus tard, le spectacle proposé m'a laissé perplexe.


˗ Pourtant, Behind, c'est Terminator quand même !


Oui, et c'est même là que réside le principal problème. Car certes, le quota d'action est là. Elle est pas trop mal emballée, tout en restant classique. Arnold Schwarzenegger est là lui aussi, égal à lui-même, assurant les fondations de l'univers d'Iron Jim. Enfin, toutes les figures mythiques de la saga répondent présentes...


˗ Mais alors, qu'est ce qui cloche, Behind ? C'est quoi cette crise de caca boudin ?


Bah... C'est difficile à expliquer. Disons que j'ai eu l'impression d'être devant un film mutant. Un film qui a piqué des bouts de tous les longs-métrages qui l'ont précédés et dont il a recombiné les gènes. On dirait qu'on a agité sous mon nez les figures mythiques de la saga, en recopiant leurs moments de gloire, tout en en oubliant la substance, la symbolique ou l'essence. De telle sorte qu'on assiste à une tentative de digest de la franchise, tant dans les personnages qui la peuplent que dans ces moments-clés. Mais il devient rapidement évident que le réalisateur et les producteurs n'en ont compris à aucun moment ni le sens, ni la portée. Faire de John Connor, figure par essence héroïque de la résistance, un méchant aux relents d'agent Smith n'est que la partie émergée de l'iceberg. Ainsi, la relation entre John Connor et le terminator dans le deuxième épisode est reprise à la quasi identique ici... Appliquée au couple Sarah Connor / Terminator. Non content de tuer ce qui a été dit dans les deux premiers films, cette recopie servile donne naissance à un triangle relationnel avec Kyle Reese digne d'une de ces nouvelles série télé ronronnantes et fleur bleue pour ados. Au passage, Reese devient une andouille aux yeux énamourés et ne faisant qu'obéir aux ordres. Jai Courtney n'est pas Michal Biehn...


Quant au T1000, Lee Byung-Hun est très loin d'être Robert Patrick. Exit l'inéluctabilité de la menace et le côté implacable au profit d'un best of de ses capacités, le tout envoyé en quinze minutes des scènes emblématiques le voyant évoluer dans Terminator 2.


La manière dont on agite sous nos yeux des marionnettes dans l'utilisation et le détournement de certains moments forts de la saga, recopiés ou tout simplement, une fois encore, vidés de leur sens, est assez triste, au point d'avoir le sentiment qu'on s'essuit les pieds sur une des mythologies les plus puissantes du septième art. Dur...


D'autant plus dommage que, quand Alan Taylor essaie d'innover, il ne manque pas systématiquement le coche, comme dans cet affrontement entre les deux versions de Schwarzy qui, même s'il s'inscrit dans une scène mal digérée du premier film, s'avère assez efficace, voire même jubilatoire. L'idée de choisir Emilia Clarke pour incarner Sarah Connor n'est pas idiote non plus. Bien qu'un peu trop "cute" pour le rôle (Mais qu'elle est jolie avec les rondeurs juvénile de son doux visage !) elle assure pas mal en action girl et ressemble étonnament, sous certains angles de caméra, à la mythique Linda Hamilton.


Si je me console en disant qu'il s'agit d'une ligne temporelle alternative où Skynet a été transformé en simple OS représenté façon Resident Evil et que le spectacle n'est pas désagréable, il faut être franc et dire que Terminator Genysis n'est pas une franche réussite, surtout au sein de l'univers et de la mythologie dont il est censé être la suite. Ce film mutant est avant tout symptomatique de l'industrie hollywoodienne actuelle : celle qui tend à rebooter / remaker une saga pour la remâcher à un jeune public qui n'a pas vécu avec ces figures immortelles de la SF, sans pour autant en comprendre ni les racines du succès, ni la formule de sa longévité dans la mémoire collective. Triste constat.


Behind_the_Mask, vieux avant l'âge.

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le 4 juil. 2015

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Behind_the_Mask

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