Le cinquième film Terminator a été conçu non pas comme une suite à Renaissance hélas mais comme un nouveau commencement pour lancer une nouvelle trilogie, les droits appartenant à un nouveau studio. Celui-ci, Skydance, a promis le meilleur film depuis Le Jugement Dernier. Pour ce faire, Arnold Schwarzenegger - pourtant vieillissant - est de retour, Alan Taylor est à la réalisation et on pratique la mode du semi-reboot : on garde les fondements des précédents films mais en jouant avec les voyages spatio-temporels et les paradoxes, on créé une nouvelle ligne du temps ... sans doute pour raconter ce que l'on voudra.
En tant que divertissement familial, le film tient ses promesses. Les spectateurs peu exigeants y trouvent leur compte puisque le rythme est suffisamment élevé pour ne pas susciter l'ennui, dont quelques trouvailles de mise en scène et des scènes d'action intéressantes ... si on passe outre les effets visuels très inégaux et mal incrustés. C'est toujours un plaisir de retrouver Arnold Schwarzenegger à l'écran dont certains traits d'humour arrachent des sourires sans difficultés. On ressent même une pointe d'émotion lors de la scène finale.
La licence Terminator est synonyme de narration limpide et peu optimiste, de brutalité, de violence, d'effets spéciaux à la pointe du moment (voir révolutionnaire). De ce point de vue, c'est un échec total. Il semblerait que le studio ait privilégié le grand public, dont le crâne est "marvelisé" depuis un moment. C'est la sauce qui fonctionne dans les années 2010. Pourtant, le film sera un échec total face à la critique et au box-office car ce n'est pas ce qu'on veut voir en regardant un Terminator.
Il fallait choisir entre le reboot total ou la suite, les producteurs ne l'ont pas fait. La narration est un bordel sans nom, dans une ligne du temps compliquée à suivre sans réelle explication convaincante (peut-être les suites, autrefois prévues, allaient nous éclaircir). Après une scène du futur aux effets spéciaux indignes située en 2029, l'action nous ramène en 1984 à l'époque de T1. Cela ne se déroule pas comme prévu, de nouveaux personnages (venant de 1973) interviennent dans les évènements et aucune explication n'est donnée mis à part la présence de nœuds temporels dans le continuum du champ quantique. Nous sommes transportés ensuite en 2017 parce qu'un personnage a fait des rêves où la guerre n'a jamais eu lieu à ce moment... Elle va arriver car un nouveau réseau social (peu crédible) connectant tous les appareils numériques va être mis en fonctionnement. Il n'est cependant qu'une façade et c'est Skynet qui est derrière tout ça. Skynet mis en marche par ... le John Connor de 2029. En faire le méchant, c'est cracher sur tout ce qui a été fait avant. Skynet est même personnifié alors qu'il est censé en logiciel dans le cyberespace. Le traitement de notre T-800 pose problème. Devenu un papy rigolard, on se demande où est passé le personnage iconique. Finalement, le scénario paraît bien paresseux avec un retour à la course-poursuite de la trilogie originale où tout avait été dit. Le public aurait préféré à coup sûr la guerre en tant que telle contre les machines, commencée précédemment, où il y aurait eu du potentiel pour raconter de nouvelles histoires originales. Frustrant !