"C'est ici que tombent en ruine les merveilles de la cuisine."


J'aime bien manger.
Il y a un plat que j'aime particulièrement : Terminator. Surtout que le cuisinier qui a inventé la recette, c'est pas n'importe qui.
C'est le type qui a réalisé le film le plus fructueux de l'histoire (et le troisième qui a longtemps été premier puis deuxième). C'est aussi le premier gus qui est allé au fond de la fosse des Mariannes avec un sous-marin. Presque 11 km de profondeur (moins que Paris-Marseille mais quand même). C'est toujours le même qui a fait Abyss et Aliens. Autant dire que c'est un cuistot qui rigole pas. Cet homme, je le précise, c'est James Cameron. Et James Cameron il a des couilles (et des sous).


Terminator aussi a des couilles. Métalliques, mais imposantes.


Terminator, c'est un peu comme un sushi (technique, pur et savoureux). Ou comme une tartiflette : simple, fat et efficace. En gros, à la base, c'est très bon. On le déguste.


Bref, 31 ans après la claque Terminator et 25 ans après le succès de Judgement Day (je met volontairement les épisodes 3 et 4 entre parenthèses), Alan Taylor et des potes à lui reviennent avec une suite, un truc censé révolutionner la saga, faire mijoter la sauce, avec le vrai Schwarzy dedans.


Et ces connards n'ont rien trouvé de mieux que de changer la recette. Un peu comme mettre du Coca dans un bon Bourgogne. Précisons qu'Alan Taylor en est ici à la réalisation de son cinquième long-métrage, et jusqu'ici, rien de bien folichon à se mettre sous la dent (le deuxième massacre de Thor, God of Thunder himself, c'est lui ! ). Autant confier la préparation du dessert à un manchot.


Attention, je respecte le fait qu'ils aient voulu transcender la saga, apporter du neuf avec un vieux, étendre l'histoire. Mais c'est tout. Après je vais devenir un peu plus fine gueule, voire con.


Alors, récapitulons sommairement le menu :


Déjà, depuis quand John Connor ressemble au camé alcoolique qui fréquente le PMU de mon bled ? Sérieusement, il lui manque juste un imper pérave et une casquette Ricard. Ça, ça commence par couper l'appétit.
Mais passons le physique. En entrée, nous avons donc des souvenirs suivis très vite de la guerre du futur contre les machines. Jusqu'ici tout va bien. Ensuite, clin d’œil au premier volet, on revit les mêmes scènes mais avec le point de vue du futur en plus. Et là, arrive le plat de résistance comme une tarte à la crème dans la gueule de BHL : tout ce que vous aviez vu dans les précédents films, c'est du flan. Du menu fretin. Une farce à dindon.


En fait, tous ces événements se sont passés, mais ça faisait chier alors on va utiliser le voyage dans le temps pour tout annuler et raconter notre histoire de merde. On assiste donc à un étalage de conneries de futurs et passés parallèles avec la mère de John le clodo qui t'as appris la vie, du coup t'envoie ton père t'enfanter dans le passé sans qu'il sache qu'il est ton géniteur (parce qu'il est trop con), avec des souvenirs qui sont pas vraiment les siens mais on se demande à quoi ça rime de toutes façons.


Trou normand.


Allez, on reprend : Sarah Connor jouée par la Mother of Dragons, c'est pas mal. Mais ça a un arrière-goût d'incohérence. Déjà, elle est un peu jeune. En plus ces imbéciles auraient pu lui faire la même coupe de cheveux que dans le premier. Années 80 quoi.
Bref, on continue avec John le cas-sos' qui est en fait devenu méchant après s'être fait cyborguer par un autre, du coup il arrive dans le passé pour tuer sa mère (je crois) ou son père (je pense), comme ça il ne naîtra pas. Logique. En plus révélation de fou, Skynet est en fait John le narvalo. Quoi ? Oui, en fait, vu que maintenant c'est un peu ("ni un robot, ni un humain, mais au-dessus") une machine, il a tout le système dans son crâne. On sait pas trop quand ni comment, mais c'est avéré : John le schlag et Skynet ne font qu'un.
Et Genisys, parlons-en. Déjà c'est un nom tout pourri même pas orthographié correctement. Mais c'est grâce à ça que Skynet a gagné en s'implantant dans le quotidien des gens. Google quoi. Facebook. Touiteur.


Bien évidemment, tout ce bon menu est accompagné de notre sympathique ex-gouveneur de la Californie, qui prouve à tous qu'il rouille mais qu'il n'a pas peur du bourre-pif et est encore capable de faire des galipettes. Bon c'est un peu cool, parce qu'il est un peu le papa (devenu grand-papa) qu'on a connu dans T2-JD. Fan-service, quand tu nous tiens. Mais sinon le pauvre Arnaud a comme un goût de "je suis inutile mais ça va vendre plus de tickets"... et si vous digérez mal la vieille carne, on vous ressert le mythique Kyle Reese mais avec un acteur attardé, mi-homme mi-huître.


Enfin voilà, j'annonce le dessert avant que vous dégueulassiez mon sol de votre vomi : comme un écho à la scène finale de T2, on revit quasiment la même chose, mais cette fois avec une fin ouverte à la merde pour faire comme dans les films Marvel et annoncer la prochaine suite juteuse mais tout autant à chier.


Pour conclure, on peut exprimer quelque dégoût à se dire qu'Alan et ses amis se sont gavés de mets les plus délicats, les ont digérés, chiés puis nous ont (vendu) servi le résultat.


Là où le très respectable Terminator Salvation essayait réellement d'étendre l'univers, nous proposant une vision crédible d'une autre facette de ce monde implacable, T-Genisys ne fait que remâcher les éléments qui ont fait la gloire des deux premiers épisodes, l'agrémentant de conversations stériles et brumeuses, noyant ainsi le poisson avarié dans la mer polluée du vide sidéral. Je préfère même T3, qui lui au moins assumait son côté tout naze, sans essayer de faire croire au public que le script est intelligent (ou presque).


Malbouffe.

Créée

le 4 févr. 2016

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