Scènes d’action haletantes qui ne tombent jamais dans l’outrance, œuvre protéiforme, qui s’assume tout en multipliant les références bienvenues, ambiance crépusculaire (superbe étalonnage sépia), Terminator Renaissance a tout de la suite spectaculaire, réussie et soignée.
Empruntant à la saga Mad Max, surtout The Road Warrior (même course poursuite avec camion, même explosion de citerne, même zone aride post apocalyptique, même enfant sauvage mutique) le film réussi à trouver son identité grâce à des idées bienvenues, notamment l’arrivée d’un homme mi-humain mi-robot, qui se cherche, ce qui enclenchera des moments remarquables de tensions, avec des hésitations (John Connor croira d’abord qu’il représente un danger) des scènes de sauvetage, de fuite, etc.
Le film a le mérite d’être fidèle à la série et à ses codes (les T-800, le destin primordial de John Connor, de Kyle Reese, la position de la résistance) tout en étant simple à comprendre en évitant les confusions temporelles (cf Terminator Genisys.)
Le choix du casting est particulièrement réussi. Christian Bale incarne un John Connor qui semble totalement investi d’une mission quasi prophétique. Toujours sous tension, il représente la maîtrise de chaque situation. Sam Worthington est quant à lui remarquable, parfois touchant, émouvant, à la physionomie déroutante lorsqu’il est éventré après l’explosion d’une mine, ce qui ne l’empêchera pas d’être entreprenant, risque-tout et brave quand l’enjeu sera de plus en plus déterminant. Anton Yelchin joue un Kyle Reese intrépide et courageux, au charisme indéniable de jeune homme mature et dévoué à la cause des résistants.
Avec ses scènes d’action sauvages, son absence de séquence humoristique, Terminator Renaissance est un film qui est de l’ordre du premier degré. Le réalisateur a pris la mythologie créée par Cameron très au sérieux et ça se ressent. Sur la forme, les explosions, les CGI, et les animatroniques (un choix judicieux qui permet de faire vivre de véritables objets de cinéma) sont tout entier dévoués à des scènes de tension habiles. L’univers est étoffé, avec l’arrivée de nouveaux produits Skynet, qu’ils soient aquatiques, motorisés, aériens, robotiques, etc.
L’apparition d’un Arnold Schwarzenegger numérique est aussi soudaine que réussie, avec sa musique caractéristique et son charisme familier.
Terminator Renaissance est un film d’action de haut vol, qui réussit presque tout ce qu’il entreprend. Il serait injuste de le mésestimer car il s’éloigne de l’ambiance du premier et du second épisode. Le film a son identité propre, même si, encore une fois, il s’inspire d’autres œuvres du même genre, comme Transformer (même sound design) ou La guerre des mondes (même prisons portatives avec des robots géants, même foule en mouvement). On est loin de se retrouver face à un produit fadasse et formaté.
Détonation, vitesse, explosion, mort, survie, intelligence artificielle, foule, bouleversement, crainte, espoir, le champ lexical du film évoque une réussite qui joue sur plusieurs tableaux. L’œuvre aurait mérité une suite directe, plutôt que les croûtes médiocres qui ont suivi. A voir sans nostalgie, sans préjugé et sans vouloir en attendre la magie des films cultes de Cameron.