« Wild Orchids », parfois traduit en français sous le titre « Terre de volupté » est un film muet de 1929, réalisé par Sidney Franklin, où la grande star Greta Garbo donne la réplique à Lewis Stone – l’un de ses partenaires réguliers – et Nils Asther, également d’origine suédoise.


Le film met en scène le riche et respectable John Sterling, un homme d’un certain âge, et sa (très) belle et jeune épouse, Lillie. Le couple s’apprête à partir pour l’île de Java, où John se rend pour affaires. Son épouse, assez romantique, voit quant à elle le voyage comme une seconde lune de miel. Ils s’embarquent sur un immense paquebot au départ de San Francisco.


Au cours de leur périple maritime, Lillie en vient vite à s’ennuyer. Son époux, peu fougueux, passe en effet ses journées à travailler. Un jour, elle surprend l’un des passagers à battre sauvagement l’un de ses serviteurs. Pas gêné pour un sou d’être pris sur le fait, l’homme, un richissime prince de Java, est sous le charme de cette femme belle, élégante et froide. Entreprenant de la séduire, il se lie pour cela avec son mari, et les invite tous les deux à loger dans son luxueux palais, à Java…


« Wild Orchids » est un film de mariage. Il suit alors une intrigue classique, où l’on nous présente un couple marié, qui va faire face à des difficultés mettant en péril leur ménage. Ici, l’adultère est le propos principal, mais l’on retrouve également des thèmes très communs : lui est vieux et riche, elle est jeune et belle, lui est plus préoccupé par son travail, elle est romantique, et enfin, il la délaisse.


Il faut savoir qu’à l’époque du muet à Hollywood, le sous-genre du ‘film de mariage’ est dominé par Cecil B. DeMille, qui s’est fait une spécialité de le mettre en scène, avec Gloria Swanson comme vedette. DeMille a donc posé un certain nombre de ‘codes’ du film de mariage, que l’on retrouve tous dans « Wild Orchids » :



  • Le luxe : il doit être complètement outrancier. En effet, pour intéresser le public aux films de mariage, il est nécessaire que le spectateur soit attiré par quelque chose qui sorte de l’ordinaire. Cela se caractérisera donc, dans les films de DeMille, par des décors somptueux, d’immenses palaces dans lesquels vont évoluer les personnages. Il est amusant de noter que, si la salle de bain (spacieuse, royale) revêtait une importance capitale à l’époque, c’est la cuisine (grande, ultra-moderne et lumineuse) qui est maintenant au centre du film de mariage.

  • Le code vestimentaire : dans les films de mariage de DeMille, le protagoniste féminin aura deux occupations principales : choisir ses vêtements, et interagir avec son mari (discussions, querelles, etc.). Corollaire du luxe, les tenues arborées par Swanson dans les films de mariage de DeMille sont toujours grandioses.

  • L’exotisme : DeMille situe souvent ses films de mariage dans des endroits reculés ou exotiques, ou bien à une autre époque. Outre la magie et le mystère que peuvent inspirer ces lieux, et la romance du passé (toujours dans l’optique de faire vivre quelque chose de différent au spectateur), il est également bien pratique de situer l’action hors des Etats-Unis pour y rendre la désacralisation du mariage acceptable.


Nous évoluons, pour « Wild Orchids », dans un milieu extrêmement aisé. Le palais du prince de Grace, à Java, est immense et scandaleusement riche. En situant son film à Java, Franklin satisfait à la dose d’exotisme nécessaire, et se permet ainsi de justifier l’adultère : dans cet Orient mystérieux et inaccessible, les femmes sont comme des ‘orchidées sauvages’ explique le prince à Garbo. Les parures de l’actrice sont ici au second plan, mais jouent un rôle néanmoins important, lorsque la jeune femme, habillée en danseuse javanaise, est rejetée par son mari.


Si « Wild Orchids » obéit scrupuleusement aux ‘règles’ du film de mariage fixées par DeMille, le film est, en lui-même très inégal. Son rythme lent est pesant et certaines scènes sont d’une longueur effroyable (le spectacle de danse au palais – une torture).


Globalement l’ambiance exotique de Java me semble correctement rendue… mais ne sert pas vraiment le propos du film. L’acteur qui joue le prince de Grace, Nils Asther, joue par ailleurs particulièrement faux – même à l’aune des standards pourtant permissifs du muet – et c’en est un peu lassant.


« Wild Orchids » est une plongée interminable d’une heure quarante dans l’univers d’un couple riche qui bénéficie des largesses et des attentions d’un prince plus riche encore dans la chaleur bouillonnante et torride de l’île de Java. Véritable archétype du film de mariage muet, au sens de DeMille, il ne vaut le coup que pour la splendide Greta Garbo, disons-le sans détour.

Aramis
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le 26 mai 2015

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