"Thriller", en anglais signifie littéralement "frisonneur", il qualifie un genre propre à imposer un suspense qui donnerait "le frisson".
Or, si rares sont les "Thrillers" qui atteignent réellement ce but, When a stranger calls (Terreur sur la ligne) fait indéniablement partie des immenses réussites du genre et il est même capable de vous mettre le trouillomètre à zéro pendant plus d'une heure trente !


A l'origine, une petite série B fauchée, racontant en trois parties distinctes les méfaits d'un tueur sadique et la traque à laquelle il est soumis par un détective assoiffé de justice expéditive.
Le film - absolument passionnant de bout en bout - déploie dans un premier temps un premier climax en 20 minutes qui devrait vous scotcher à votre siège malgré l'aspect assez convenu du récit, puis, il nous transporte 7 ans plus tard, au cœur d'une lente mais vraiment captivante enquête policière avant de vous soumettre à nouveau pendant ses 20 dernières minutes à une montée crescendo du trouillomètre que vous ne serez pas prêt d'oublier.


30 ans après sa sortie, le film n'a rien perdu de sa puissance à créer des tensions dramatiques et une véritable trouille et l'on peut même dire que sa mise en scène s'est - comme un bon vin - foutrement bonifiée avec le temps.


Le pitch est pourtant très simple, pour ne pas dire simpliste, assez convenu et il n'aurait pu accoucher que d'une aimable série B ou un nanard de plus:


Jill Johnson (inoubliable Carol Kane au beau visage d'Ophélie Préraphaélite) est une jeune baby sitter qui reçoit les étranges coups de fil d'un homme mystérieux qui ne cesse de lui répéter "Êtes vous monté voir les enfants", de sonnerie en sonnerie, la tension monte et elle échappera de peu au massacre dont ont été victime, en revanche, les deux pauvres bambins.
Sept ans plus tard, le tueur Curt Duncan (Tony Beckley, à la fois pathétique et terrifiant), s'échappe de l'hôpital psychiatrique et prend la fuite.
John Clifford (Charles Durning mono-expressif mais formidable pour le rôle !) le flic qui avait retrouvé les corps des deux enfants, devenu détective privé, décide de le retrouver afin de l'empêcher définitivement et radicalement de nuire... Sans le savoir il deviendra à son insu, le nouveau déclencheur de la folie meurtrière du psychopathe.


Le pitch de départ est assez banal et on constatera déjà qu'il reprend partiellement l'intrigue de l'excellent et cultissime Black Christmas de Bob Clark qui utilisait déjà (mais de manière plus anecdotique dans le récit) ce principe du harcèlement téléphonique de jeunes filles par un tueur


[SPOILER] qui s’avérera appeler de l'intérieur même de la maison. [Fin du spoiler]


Wes Craven rendra d'ailleurs un brillant hommage à ces deux films (mais plus évidemment à celui ci...) dans le pré-générique du formidable Scream avec Drew Barrymore. Mais ce qui distingue When a stranger calls de ces deux illustres références repose sur le fait même que, outre le fait qu'elle soit absolument terrifiante et admirablement mise en scène, cette longue scène de terreur n'est qu'une introduction à un récit qui s’avérera plus complexe, plus subtil et tout aussi brillant dans son déroulement.


C'est dans la deuxième partie du film que le récit engage le film vers sa dimension de chef d'œuvre: en effet malgré un budget visiblement très réduit de série B et une incursion sans complexe dans le pur cinéma d'exploitation, on sent bien que le metteur en scène, Fred Walton (dont c'était le premier film) a d'autres ambitions pour son film que d'être un petit film d'horreur de plus.
Et son objectif semble davantage d'aller chasser le suspense sur les terres du maître Hitchkock ou du giallo italien à qui il empreinte de manière très visible certains des codes de mise en scène (le zoom, par exemple) mais aussi l'utilisation ostentatoire (et brillante) du son et notamment de la musique pour créer la peur, qui évoque autant la collaboration de Bernard Herrman avec Htchckock que les bandes sons de Morricone ou de Goblin pour le Giallo.
Chaque sonnerie de téléphone, chaque craquement, chaque souffle vous fera d'autant plus sursauter qu'il s'accompagne d'une musique tonitruante mais jamais lourdingue.


Le scénario, lui aussi très brillant, après un démarrage en trombe, fait le choix étonnant de la lenteur et d'une exploration plus humaine et presque émouvante des états d'âme du tueur merveilleusement incarné à l'écran par un Tony Beckley vraiment très inspiré par ce rôle plus subtil qu'on aurait pu l'espérer... d'autant plus qu'il est confronté à la loi du talion la plus effrayante de ce détective assoiffé d'une justice expéditive.


le film oscille constamment et avec étrangeté entre un slasher à la Halloween, un thriller à la Black Christmas, une chasse à l'homme à la Friedkin ou un portrait psychologique opaque à la Henry, Portrait of a serial killer et il a l'intelligence de ne jamais choisir son étiquette et de nous balader de l'un à l'autre avec beaucoup de dextérité, habillé d'une mise en scène vraiment remarquable et pleine de subtilité autant que d'efficacité.


Ou comment une petit série B d'exploitation parvient à se dégager de ses carcans et à s'imposer en chef d'œuvre du genre, un vrai classique désormais devenu très justement et avec mérite un des films cultes du cinéma de genre US des années 70/80.


A découvrir (ou à revoir) séance tenante !!!


Quelques mots tout de même sur le calamiteux remake que nous ont infligés Screen Gems (La crypte, Quarantine, Hostel 2 et récemment Le Beau-père) et Simon West (Lara Croft... besoin d'un dessin ?) en 2006 et qui restera dans mes annales comme le pire remake de l'histoire du cinéma d'horreur US à égalité avec The Fog de Rupert Wainwright.


Le film (blockbuster au budget visiblement très confortable, cette fois !) a la très mauvaise idée de ne reprendre du film original que ses 20 premières minutes et de les étirer jusqu'à l'ennui sur 1h30 en tentant de noyer le poisson dans le décor spectaculaire d'une labyrinthique maison high-tech d'architecte et en ajoutant un ou deux personnages accessoires à zigouiller ponctuellement pour "pimenter" un peu la sauce. Et surtout avec la très mauvaise idée de remplacer le téléphone filaire par un téléphone portable... erreur fatale pour la crédibilité du scénario... il aurait été plus judicieux de situer le remake dans les années 70...


L'actrice n'ayant - en prime - aucun charisme, le scénario n''ayant visiblement jamais été écrit (nommons Jake Wade Wall, qui est le responsable du massacre du formidable scénario original de Fred Walton et Steve Feke) et le tout reposant entièrement sur la scénographie du lieu on navigue dans un demi sommeil entre un jeu vidéo des plus chiants, une représentation d'au théâtre ce soir et un épisode de Question Maison sur France 4.
Les passionnés de décoration d'intérieur et d'architecture contemporaine tromperont l'ennui dans la contemplation du merveilleux décor, les autres et notamment les amateurs de frissons, pourront toujours repasser car le film ne repose que sur des effets de "bouh fais moi peur" les plus éculés du style: "j'avance un couteau à la main terrorisée par un bruit louche venant de la cuisine quand... BOUH !!! un chat saute de l'étagère... et waow putain de sa mère comment j'ai fait un bond de huit mètres quand la musique s'est lancée d'un coup à plein tube !!!


Bref, très con, très très long, vraiment très très très chiant et totalement inepte : A fuir comme la peste !!!

Créée

le 9 août 2014

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Foxart

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