Si les premières apparitions de Art le clown à l’écran furent réservées à une niche de bisseux en quête de splatter, Terrifier 2 a propulsé le tueur et son réalisateur sous le feu des projecteurs, faisant ainsi naître un nouveau boogeyman appelé à faire date. Cela faisait longtemps qu’un nouvel antagoniste horrifique ne s’était pas imposé de la sorte. Anabelle? Clairement pas. Jeepers Creepers? Mouais. Il faudrait remonter à Jigsaw, en 2004, soit neuf ans avant la première apparition du clown, et dix-huit avant sa consécration.
En se posant sur le terrain du splatter extra saucisse, Damien Leone s’offre pas mal d’avantages. Les personnages n’ont pas besoin d’être particulièrement attachants ou bien écrits, car l’empathie est immédiate au vu de ce qu’elles vont traverser. Chaque apparition d’Art suscite une appréhension sous tension tant le sadisme des mises à mort, et leur inventivité, poussent tous les potards à fond. A ce titre, la scène d’introduction est d’une atrocité sans faille, jouant du simple code qu’un slasher s’ouvre toujours sur une bonne grosse exécution où personne n’en réchappe. Et quand on nous présente deux gamins dans cette petite famille tranquille, la note d’intention est donnée : le Père Noël ne fera pas de cadeaux. Cette unique scène m’a mis sur les rotules, terrifié, comme je ne l’ai pas été depuis… Hereditary? Je me demandais bien où était la rigolade potache que j’avais eu devant l’opus précédent.
Puis le film reprend plus tôt, et s’efforce à approfondir la mythologie, à développer l’histoire des rescapés du massacre du deuxième volet. Il le fait non sans mal, souffrant des mêmes longueurs que Terrifier 2. Et quand surviennent les prochaines frasques sanguinaires, l’humour commence à poindre, jusqu’à une scène de douche particulièrement fendarde (littéralement). Grâce aux effets spéciaux practicals qui font voler les chairs et les hectolitres d’hémoglobine dans un gloubi-boulga réjouissant, et grâce à l’interprète du clown, David Howard Thornton, qui utilise le muet pour susciter rire et terreur dans un mélange confus.
Malheureusement le final se traîne et n’évite pas quelques entourloupes scénaristiques dispensables pour justifier une suite déjà prévue avant même l’arrivée en salle de cet épisode ci. Avec les longueurs déjà mentionnées, Terrifier 3 dépasse le temps parenthétique qu’on veut bien lui accorder et en souffre largement. Plus de concision dans les incisions eut été bienvenue. Il n’en reste pas moins une œuvre à part, extrême et rare qui semble déborder d’une volonté de bien faire.
Une sincère boucherie rétrograde à la plastique irréprochable.