C’est le portrait d’un couple de peintres, Maryvonne Jeanne (Bretonne) et Jean-Pierre Garrault (Bourguignon). La réalisatrice les a suivis pendant 5 ans entre Bretagne (baie de Morlaix et exposition commune dans la chapelle Saint-Antoine de Plouezoc’h) et Bourgogne [exposition de leurs toiles au musée de la Civilisation celtique au mont Beuvray, au sommet duquel se trouvait l’ancienne capitale gauloise, Bibracte]. Ils ne peignent jamais ensemble. Jean-Pierre n’arrête pas de retoucher ses toiles (pierres, arbres vieux et tordus) avec un gros pinceau (façon peintre en bâtiment !) et griffonne au fusain, tandis que Maryvonne est plus figurative [façon Mathurin Méheut (1882-1958) ou Jean-Julien Lemordant (1878-1968)] et a besoin d’une base [photos, et plus particulièrement celles du Breton Constant Puyo (1857-1933)] pour peindre, manquant d’imagination ou se référant à sa grand-mère Germaine. La réalisatrice a voulu laisser une trace des deux peintres et l’a fait avec pudeur et finesse. Cela évoque « Ricardo et la peinture » (2023) de Barbet Schroeder, sur le peintre Ricardo Cavallo qui vit, lui aussi, dans le Finistère à Saint-Jean-du-Doigt, mais la réalisatrice se focalise plus sur le couple et leur amour que leur peinture et va au-delà du simple filmage, avec un commentaire sensible et un montage adéquat.
N.B. : Jean-Pierre Garrault est décédé d’un cancer fulgurant le 16 juillet 2024.