On dit souvent qu'un artiste n'est jamais meilleur que quand il est dans la tourmente. On serait tenté de donner raison à cette maxime à la vision de cette adaptation du roman de Thomas Hardy, tournée par un Polanski alors accusé de viol sur mineur et menacé d'extradition.
Entièrement dédié à Sharon Tate, qui aurait proposé à Polanski d'adapter le classique de Hardy un peu avant sa mort tragique, "Tess" est une fresque grandiose et romanesque, sublime portrait d'une femme trop belle pour son bien-être et qui se brûlera les ailes face à la bêtise masculine. Un personnage fort et émouvant, superbement incarné par une Natasja Kinski belle comme le jour.
Tourné dans les magnifiques décors naturels de notre belle France (dont un bout en Bretagne, cocoricooo), "Tess" est avant tout un livre d'images tout bonnement ahurissant, d'une beauté à en perdre la tête, offrant des plans à couper le souffle grâce à la splendide photographie de Geoffrey Unsworth, qui décèdera trois semaines après le début du tournage et sera remplacé par Ghislain Cloquet.
Aussi tragique que romantique, jamais ennuyeux malgré ses près de trois heures de métrage, "Tess" est peut-être le dernier grand film de Polanski, cinéaste controversé mais fascinant qui peinera par la suite à retrouver une telle maîtrise de son art.