O.F.N.I.
Visuellement impressionnant, Tetsuo a ouvert des portes aux réalisateurs cultes contemporains. Que ce soit Cronenberg, Fincher ou certains frenchies comme Noé ou Kounen, ils sont nombreux à s'être...
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le 9 avr. 2013
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Quand Shinya Tsukamoto aborde le tournage de Tetsuo
, son premier long-métrage professionnel, il vient de fêter ses 27 printemps, dont 13 ont été passés à expérimenter des œuvres théâtrales et cinématographiques en mode DIY. L'homme a non seulement accumulé une solide expérience derrière la caméra en tant que réalisateur et chef-opérateur, mais également devant, en tant qu'acteur, décorateur, éclairagiste, créateur d'effets spéciaux, etc. Un personnage à part, fasciné par les romans de la mouvance cyberpunk, la culture SM nipponne et les approches cinématographiques de David Lynch et de David Cronenberg. Formé aux arts plastiques, aux techniques narratives des spots publicitaires et au théâtre underground, Tsukamoto, considéré à cette époque comme un artiste anarchiste au sein d'un cinéma japonais encore très conformiste, reste en marge du système de production classique lorsqu'il tourne Tetsuo
, pamphlet métallique et surréaliste sur l'aliénation de l'homme par une société urbaine aussi monstrueuse qu'ultra violente.
Après s'être profondément scarifié, un homme névrosé et masochiste s'introduit une barre de métal dans la cuisse avant d'être mortellement percuté par un automobiliste. Ce dernier, paniqué, se débarrasse du corps avant de culpabiliser. Il se métamorphose alors en une sorte d'aimant humain qui attire tous les détritus métalliques de Tokyo avant d'affronter sa propre conscience...
Cet univers, intégralement symbolisé par le métal, se voit développé par un jeune Tsukamoto provocateur qui s'amuse à titiller les hypocrites tabous sexuels de la culture japonaise en décrivant la souffrance que ces fétiches engendrent par l'émergence de produits métalliques dans la chair. En ouvrant la vanne à tous les fantasmes et à toutes les expressions interdites du plaisir, y compris les plus trash et insoutenables, Tsukamoto plonge ses spectateurs au sein d'un macrocosme SM transcendée par la peur, la lâcheté et la culpabilité d'individus socialement brisés par un système non-adapté à l'épanouissement moral.
Hostile à ce que la capitale du Japon apporte de négatif à l'humain et nostalgique du Tokyo de son enfance, Shinya Tsukamoto souhaite visiblement exprimer un message agressif et destructeur envers cet aspect du Japon moderne, tout en bousculant ses concitoyens enfermés dans leur cocon, amorphes et convaincus de la "normalité" de cette société aussi hypocrite qu'étouffante à leur égard. Une caricature authentiquement fétichiste doublée d'une passionnante métaphore de nos conflits intérieurs en mettant en scène un seul et même protagoniste / antagoniste littéralement rongé par le métal symbolisant une structure sociale oppressante.
Techniquement, la libre et aérienne mise en scène de Tsukamoto, avec une caméra sans cesse en mouvement qui immortalise des images brutales, voire brutes, dans un noir et blanc qui n'évite jamais le crasseux, offre de fabuleux plans chaotiques mixés à du stop motion ultra inventif. Avec trois fois rien, des morceaux de fer, des fils électriques et une équipe de sept personnes passionnément impliquées lors d'un tournage qui s'est étendu sur 18 mois, Tsukamoto opère un véritable miracle en insufflant une énergie rare à des images tantôt orientés vers le surréalisme, tantôt dirigés vers le nihilisme.
Talentueusement frénétique dans son 16 mm et inlassablement rythmé par une B.O d'avant-garde en mode electro indus' composée par le génial Chu Ishikawa, Tetsuo
s'épanouit loin de toutes conventions et de tous stéréotypes.
Un film extrême, intelligent et culte.
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Créée
le 6 juin 2023
Modifiée
il y a 7 heures
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