Prétendument remake (mais pas obligatoirement) de Tetsuo the iron man, 1er opus de la série, et après une suite d’intérêt discutable mais néanmoins pleines de bonnes idées, Shiinya Tsukamoto nous offre 20 ans plus tard Tetsuo the bullet man, très attendu par ses fans.
L’histoire est grosso-modo semblable au second épisode : Anthony, employé discret, vit à Tokyo avec sa femme Yuriko et leur fils Tom. Sur le chemin qui le ramène à la maison, Tom se fait renverser par une voiture et meurt sous ses yeux. Anthony, sous l’effet de la colère voit son corps muter progressivement en une créature hybride mi-homme mi- machine assoiffée de vengeance.


...mais malgré une jaquette qui en jette pas mal et une licence à haut potentiel, The bullet man est un véritable gâchis.
La prestation des acteurs est catastrophique : le protagoniste Erick Bossick alterne entre caricature et cabotinage son personnage de monstre grotesque. Yuriko est totalement absente et semble inintéressée par le film, les acteurs japonais peinent à réciter le peu de textes anglais attribué (il m’est d’avis que certains n’ont fait qu’apprendre une suite phonétique de sons, tant le résultat à l'oreille est ridicule) et les dialogues semblent parodiques (la séquence entre les forces spéciales et Yuriko est d’une profonde bêtise).


Mais le nœud du problème est que The bullet man est une grande concession qui ne fonctionne pas. Un compromis entre cinéma expérimental et grand publique.
The iron man (le 1er Tetsuo) est à mon sens un chef-d’œuvre absolu du cinéma japonais moderne notamment grâce à son découpage, sa photographie, son esthétique, son rythme, son cadrage ainsi que par ses choix musicaux et sonores. C’est un film expérimental qui raconte mais n’explique pas, c'est une expérience qui se vit, une oeuvre artistique totale qui dépasse le cadre du cinéma. On attribut d’ailleurs à ce dernier d’être l’une des tête de file du mouvement cyber-punk, (bien qu’il m’est d’avis qu’il appartient plutôt à la culture industrielle propre aux années 70-80).


The bullet man s’oriente vers un marché plus large de part le choix de ses acteurs et de la langue originale du film, par sa photographie plus convenu, plus classique, mais aussi par son schéma narratif plus scénarisé, en apportant une explication sur la « malédiction », le « Tetsuo » et sa finalité.
….et malgré la tentative de ressembler à ses prédécesseurs force est de constater que cela ne fonctionne pas avec les choix esthétiques hérités des deux premières oeuvres.
Les enchainements successif de plans très courts, les mouvements de caméra-épaule, la stop-motion, le cut-out scénaristique, les choix sonores, la photographie industrielle et le message politique qui étaient dans le premier opus un soutiens à une composition culturelle et artistique ancrée dans son époque deviennent ici des choix esthétiques qui n’apportent rien à l’œuvre, mais, bien au contraire, perturbent la compréhension et créés un décalage total avec la volonté commerciale de Tsukamoto.


La question se poste d'elle-même : le film a-t-il quelque chose à raconter ou faut-il le vivre sans se poser de questions ?
Pas suffisamment crédible ni suffisamment invraisemblable, Tetsuo the bullet man est une œuvre qu’il vaut mieux oublier dans la filmographie de Tsukamoto.

machiah
3
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le 22 mai 2019

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machiah

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