Si le contexte politique du film mélange les questions italiennes et américaines de l’époque, on peut certainement affirmer avec ce film que la politique et le western ne font pas forcément bon ménage. Difficile ainsi d’imaginer un discours progressiste autour des classes populaires et des Noirs à l’époque du Far-West (et quand bien même après la guerre de Sécession). Voilà un parti-pris, en plus d’être naïf, franchement à contretemps, d’autant plus quand on mélange enquête, procès et scènes de machination avec ce qui doit faire le fonds de commerce d’un western à savoir les poursuites et les fusillades. Tonino Valerii parvient cependant à trouver le juste équilibre entre l’action et la tension politique qui traverse le film. Dommage que ces bonnes intentions manquent de souplesse, le passage de l’une à l’autre paraissant souvent artificielle.
En fait, voilà un sujet fait pour le cinéma américain. La question des classes sociales est traitée avec trop de naïveté alors que les allusions aux difficultés politiques italiennes de l’époque sont plus finement abordées. Ne parlons même pas du volet machination qui est toujours artificiellement regonflé et qui finit par perdre bêtement le spectateur. Non pas que celui-ci ne soit plus capable de ranger les bons et les méchants dans les bonnes cases, mais il finit par être perdu sur les véritables intentions des auteurs d’un attentat qui est évidemment une relecture de celui de JFK. L’intention est donc louable mais le résultat peine à trouver la bonne carburation même si l’ensemble ne manque pas d’idées, notamment visuelles.
La partition de Luis Bacalov est fidèle à son talent et la photo signée Stelvio Massi qui, ensuite, fera le bonheur du poliziottesco, est ingénieuse et met personnages et paysages en valeur. Porté, en outre, par des acteurs de talent (Giuliano Gemma et Fernando Rey en tête), on était donc prédisposé à voir un film plus passionnant. Si le résultat n’atteint pas ce but, louons quand même cette intention de réaliser un western à l’italienne qui ne soit pas essentiellement voué au divertissement. L’ensemble, d’ailleurs, s’il ne passionne autant qu’on aurait pu le souhaiter, se regarde avec un certain intérêt.
5,5