A travers le passage fugace de circassiens dans une bourgade du Kerala, aux représentations rapidement délaissées au profit d'un festival traditionnel local organisé simultanément, Aravindan célèbre dans Thampu, docu-fiction, en observateur poétique, la beauté de l'instant, de ce qui est transitoire, de l'équilibre du temps, de l'éphémérité: le visage sidéré des enfants, basculant du rire à l'inquiétude, l'entrainement des acrobaties à vélos, les passages répétés d'une jeune femme revenant de la rivière devant le même protagoniste séduit, n'occasionnant aucune rencontre, les quelques percussions données par le musicien, pour le plaisir du partage, sous le majestueux ficus...
Aussi bien allégorie du cinéma (on pense à "La flute enchantée" de Bergman, la grâce des visages s'illuminant durant le spectacle), le film, à la photographie somptueuse, fascine par sa temporalité, son statut narratif atypique, l'élégance souple de son rythme.
7,5/10