Critique de The Act of Seeing with One's Own Eye par SullyRay
Au commencement était la Chair, carcasse a la vie bien fragile mais qui se croyait
Par
le 8 mai 2012
11 j'aime
The Act of Seeing with One's Own Eye ou comment montrer l'irregardable. Immersion totale dans les arcanes d'une morgue cumulant les images chocs, morbides et cauchemardesques jusqu'à l'abstraction ce moyen métrage intégralement silencieux repousse entièrement les limites du visible et de l'exposable : 30 minutes de visions souvent insoutenables, mettant notre capacité à expérimenter l'Horreur à rude épreuve.
Le film de Stan Brakhage re-définit à l'extrême la notion de spectacle, de monstration et de réception visuelle : comment voir, comment lire cet enchaînement de plans livides narrant ni plus ni moins les préparations cliniques et méthodiques d'une poignée de médecins légistes autour d'un amas de cadavres ? Le réalisateur atteste l'inconfort de son concept en l'absence catégorique de piste sonore, insufflant davantage de froideur et de déshumanisation à la démarche...
Le film semble en définitive bel et bien à voir et non à entendre, moins à recevoir qu'à explorer, davantage à rationaliser qu'à ressentir, tant la désensibilisation liée à l'excès et à la redondance du procédé cherche fatalement à susciter l'anesthésie émotionnelle. Voir cette autopsie comme une expérience initiatique de confrontation pure et simple avec le tabou ultime du commun des mortels. Voir cette autopsie comme une rencontre avec la Mort. Car les Hommes, comme disait Sartre, naissent d'accident, vivent de maladie et meurent de rencontre...
Créée
le 20 déc. 2020
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