Manifestement, le nouveau Spiderman, pour se démarquer de son prédécesseur, modifie légèrement la soupe qui nous a été précédemment servie. A l’absence pure et simple des parents chez Raimi, il explore la piste, liant davantage Peter et les arachnides, en faisant en quelques sorte une tradition familiale, avec le père comme inventeur et le fiston comme cobaye. Cela affine effectivement les circonstances qui amènent Peter à côtoyer les araignées et qui expliquent sa morsure avec un peu plus de cohérence (dans le premier, tout relevait de l’accident, ici, c’est l’imprudence de Peter qui est en cause). Cela affine aussi les relations entre Peter et Gwen, qui se trouve davantage liés dès le début de l’aventure. C’est effectivement le meilleur aspect du film, il soigne ses personnages, les imprégnant d’une chaleur humaine certaine, d’une sincérité touchante. L’homme lézard est finalement soigné lui aussi, dans ses motivations et sa frilosité devant les employeurs, simple pion à cervelle qui finit par péter son petit câble. Emprunt d’un climat touchant, le film est donc agréable à suivre, et heureusement, parce que pendant une heure il ne se passe rien. Au bout d’une heure, toujours pas de lézard en vue, pratiquement aucune séquence d’action (quelques cavalcades sur des façades d’immeubles, quelques acrobaties sur un pont d’autoroute). Après une heure et demie, deux timides scènes, une première confrontation sur un pont et une autre dans les égouts. Il faut attendre la dernière demi heure, quelques gnons en plein lycée et une course poursuite vers l’immeuble Oscorp pour le face à face final. Les effets spéciaux se lâchent enfin et on peut savourer les pirouettes de l’homme araignée virevoltant à belle allure. Tenant ses promesses, et évitant de filmer un public encourageant Spidey (les agaçantes inserts de figurants chez Raimi), on en a enfin pour notre argent, avec des effets spéciaux enfin à la hauteur. Mais un peu tard quand même. Thématiquement, les choix du remake concernant la vengeance de Parker peuvent également être débattus. En effet, Raimi avait traité rapidement la vengeance, immédiatement après le meurtre de l’oncle, et il l’achevait par la mort brève du responsable. L’intelligence du procédé laissait Tobey Mc Guire dans une frustration nappée de souffrance qui l’incitait, dans une sorte de rédemption, à combattre le crime. Ici, la lutte contre la criminalité est réduite à la simple traque de l’assassin de son oncle. Un assassin à la description vague, donc il arrête tout le monde, et il ne se prive pas pour faire quelques blagues au passage. On se demande ce qu’il se passera quand il tombera enfin dessus. Probablement rien. Il y a bien cette tentative de faire de Peter un « complice » (le voleur, s’éclipsant, lui lance une canette de bière pour le faire profiter lui aussi de son coup), mais elle est si insignifiante, si pathétique, qu’elle ne fait que soulignait la pauvreté de cette nouvelle mythologie vengeresse. Nous voici donc en présence d’un blockbuster attachant, mais qui ne place pas ses ambitions dans le spectacle. Ce qui pose un petit problème, cette genèse n’offrant finalement pas grand-chose de plus que des personnages plaisants. L’homme lézard, transformé, impressionne, mais son alter égo n’a pas le charisme d’un Willem Dafoe ou d’un Alfred Molina… Un divertissement à la hauteur, certes, mais pas vraiment plus que cela.