Les mêmes qualités que le premier plombées par des prétentions Nolaniennes

Je fais partie de ces rares personnes qui trouvent meilleure la vision de Marc Webb de Spiderman , bien plus juste et pertinente que celle de Raimi. Alors que le jeu de Tobey Maguire en faisait un autiste, socialement handicapé, Marc Webb redonne à Spiderman son essence. Celle d'un jeune homme, qui acquiert des super-pouvoirs alors qu'il était loin auparavant d'être le garçon cool, admiré, loin donc du fameux quarterback lycéen américain. Cela Rami l'avait saisi, mais il avait caricaturé la situation, Peter Parker n'était plus un jeune garçon normal comme tant d'autres, mais la victime par excellence. Au lieu de n'être qu'un garçon parmi tant d'autres subissant le règne du "cool" durant sa scolarité, il devenait un bouc-émissaire très particulier. Marc Webb a lui bien compris que la grande force de la situation et la sympathie du super-héros tenait au contraire à sa normalité dans laquelle beaucoup peuvent se retrouver.
C'est un jeune homme malicieux, qui aime s'amuser, profiter de ses super-pouvoirs, et contrairement à un Tony Stark orgueilleux et hédoniste, c'est l'innocence et l'enthousiasme de la jeunesse qui le caractérisent. Et cette nouvelle série de films le retranscrit parfaitement : il s'amuse beaucoup, il est plein de vie, de légèreté, de simplicité. Il représente un garçon "bien" mais finalement pas si différent de beaucoup d'autres. Sa relation pleine de vie avec Gwen Stacy, et non d'un romantisme tragique comme celle avec la Mary Jane de Raimi, est toujours aussi agréable, efficace et respectueuse de l'essence du personnage dans ce second volet.
On perçoit d'ailleurs davantage encore, la sympathie de Marc Webb pour toute la mythologie consacrée à l'homme araignée à travers les nombreux clins d'oeils. Notamment la sonnerie du téléphone de spiderman rappelant la fameuse musique qui lui est consacrée. Les paroles du générique du dessin-animé sont d'ailleurs placées dans la bouche d'Harry Osborn. "Spiderman does whatever a spider can". Les connaisseurs apprécieront ces clins d'oeil. Pourtant dans ce deuxième épisode, Marc Webb a selon moi péché par excès d'enthousiasme, il veut en faire trop. Oui Spiderman est drôle, affronte le danger avec un certain aplomb bon enfant qui le rend si sympathique et peu déprimant. Mais ici, trop de plaisanteries sont accumulées les unes après les autres, trop pour les mettre réellement en valeur. La plupart de ces commentaires amusants, je n'ai pas eu le temps des les savourer. C'est pour moi le premier défaut de cet épisode. Pourtant, cette partie du film, centrée autour de la relation de Peter Parker et Gwen Stacy, reste la meilleure. Grâce principalement aux interprétations des deux comédiens.


Le second défaut pour moi, et c'est là que la comparaison avec Raimi est moins flatteuse, ce sont les scènes d'action. Dès le premier opus de The Amazing Spiderman, il devenait selon moi évident que Sam Raimi avait bien mieux su utiliser la technologie de son époque pour les scènes d'action. J'ai retrouvé dans ce film un défaut primordial à la fois de fond et de forme qui m'avait déjà gêné dans le dernier Superman. Une accumulation de scènes d'actions qui se veulent dantesques, mais qui sont très mal mises en scènes et surtout ne sont pas introduites et ne peuvent ainsi être réellement efficaces. L'action se fait donc paradoxalement plus présente mais moins intense. Pourtant, les déplacement de l'homme-araignée sont mis en scène avec de bonnes idées. Notamment en accentuant l'effet d'élasticité du corps du super héros, ce corps qui se cambre si naturellement et de manière si harmonieuse. Dans le fond, cela retranscrit une évolution de ces dernières années qui me gêne dans les adaptations de certains films de super-héros : La tendance à vouloir rendre l'action de plus en plus dantesque. Peu efficace mais dantesque, tout doit exploser, à tel point que les villes sont systématiquement ravagées. Les super-héros, il faut l'avouer deviennent de purs danger. Si ce n'est pas directement leur faute, leurs présences restent synonymes de destructions massives. Ce ne sont plus des problèmes de société qui sont réglés mais des situations extrêmes comme les destructions de villes durant la seconde guerre mondiale. Pourtant nous sommes aujourd'hui en temps de paix, les héros devraient normalement évoluer face à des dangers qui ne sont pas si souvent géopolitiques. Les dégâts en deviennent donc totalement disproportionnés. Difficile pour les habitant d'un tel monde de s'enthousiasmer pour des super-héros, quand la situation pousse plus à déprimer face à ce monde en perpétuelle reconstruction. Ils ont peut-être sauvé des gens, mais ceux-là n'auront guère l'occasion de se réjouir malgré tout tant leur quotidien fut malgré tout dévasté. A force de vouloir en faire trop, on en vient à créer des super-héros qui ne répondent plus de façon symbolique aux problèmes de société contemporain, mais à des situations de guerres qui nous sont heureusement intimement inconnus. On perd donc pour moi de l'intérêt à vouloir trop en faire.


Enfin, comme l'annonçait mon titre, je trouve que le scénario de ce film pâtit énormément d'une influence mal digérée des Batman de Nolan. Les scénario principalement du deuxième et troisième opus de la trilogie du réalisateur du chevalier noir se caractérisaient par la duplication d'intrigues et de méchants. Réussissant à accumuler et à lier deux intrigues plus ou moins parallèles et justifiant ainsi la longue durée des films. Mais cela impliquait de concentrer tout le travail sur le scénario quitte à moins valoriser l'aura des personnages. Or c'est la mise en valeur de cette aura que maîtrise Marc Webb. A force de vouloir faire un film de plus de deux heures, d'accumuler des méchants, de juxtaposer diverses mini-intrigue, "Harry Osborn" "Electro" " Les parents de Peter", il n'en développe finalement aucune de manière efficace et intéressante. Le tout manque d'une linéarité passionnante qui nous donnerait envie de connaître la suite. Là encore trop de méchants, trop d'informations, trop d'éléments importants, pour être bien traités. Le succès de la saga de Nolan pousse malheureusement certains réalisateurs dans leur adaptation à vouloir s'inspirer de lui, alors que n'est pas Nolan qui veut. Et Marc Webb doit faire du Marc Webb, car bien entendu, c'est ce qu'il fait de mieux. D'ailleurs je ne pense pas que Nolan arriverait à faire aussi bien du Marc Webb que Marc Webb. Mais Nolan n'essaie pas et ne prétend pas être quelqu'un d'autre, il assume toujours jusqu'au bout ses obsessions personnelles.
Je crois que c'était aussi en bonne partie le défaut de Zack Snyder dans son Man of Steel. Pourtant, j'adore Marc Webb et Zack Snyder, mais je trouve qu'ils perdent malheureusement de leur génie en refusant un scénario centré sur une intrigue resserrée quitte à faire un film plus court. Un film doit-il forcément dépasser les deux heures ? Autant le traditionnel 1h30 d'antan était contraignant, autant 1h45/2h me semble une durée idéale tant qu'on sait contenir son intrigue. Le succès financier des films de super-héros n'a-t-il pas fini par imposer une pression trop forte pour laisser libre court à la créativité, je ne l'espère pas mais je le crains...


En dehors de la mise en scène qui amenuise tant les passages comiques que les passages touchants, il faut préciser que ce film pâtit aussi de personnages complètement ratés dans ce scénario mal ficelé. Harry Osborn, trop vite expédié pour devenir intéressant, devient bien trop brusquement ce méchant rancunier qui détonne avec l'amitié qu'il était censé éprouver pour Peter Parker quelques minutes auparavant. Cette amitié d'ailleurs, on l'évoque mais sans jamais la justifier et la développer. Une simple scène de retrouvailles et voilà le tout expédié. Le pire c'est tout de même probablement Electro ! Il aurait été intéressant comme le suggérait la bande-annonce de voir un personnage naïf avoir l'impression d'avoir été trompé, trahi, à cause d'une simple phrase de notre homme araignée, pourtant si bien intentionné. Cela aurait permis de mettre en avant le défaut d'un Peter Parker un peu trop inconséquent. Enthousiaste, bienveillant, oui mais qui ne pense pas assez aux conséquences de ses paroles. Mais tout cela est gâché car rapidement, dès le début même, ce méchant est présenté comme ayant de graves problèmes psychologiques. Avant même son accident, il soliloque, fantasme une scène de violence. C'est déjà un schizophrène légèrement effrayant. Toute la sympathie que l'on pouvait avoir pour ce personnage est annihilée, et l'aspect tragique du destin de ce personnage mis de côté. Electro ne pouvait que mal tourner, c'est un tueur en puissance qui n'attend qu'une occasion pour virer du côté obscur. Et Spiderman n'est donc en rien responsable. Quoiqu'il eût dit, cela n'aurait probablement rien changé. Au pire cela aurait permis d'atermoyer la "tragédie". C'était pourtant déjà l'un des principaux défauts du premier opus ; un méchant mal conçu qui perdait à la fois en saveur et en charisme, une évolution trop rapide, trop arbitraire vers l'horreur. Conclusion : Dieu qu'il semble difficile de créer de bons méchants !

Vyty
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le 30 avr. 2014

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Vy Ty

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En fait un mec qui s'appelle Marc Webb, il est destiné à réaliser un film sur Spider-Man... Non ?...

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