Qui tisse contre le vent, se pète les dents
Ce qu'il y a de bien avec des mauvais films, c'est qu'ils permettent parfois de se rendre compte de ce qui fait un bon film. De ce qu'il faut faire et ne pas faire. De ce qui a fait la réussite d'un film. Par exemple, ce qui a fait que les premiers spider-man du début des années 2000 étaient des bonnes adaptations du comic. Le fait que ce film-ci soit une purge m'a fait ressortir des qualités dans la trilogie de Sam Raimi, en surbrillance.
Nous sommes donc face à une catastrophe. Ce film est une réelle déception, alors que je n'en attendait déjà pas beaucoup, le précédent n'étant pas un chef d'oeuvre et la gueule des méchants faisait peur, tellement ils étaient laids. En parlant des méchants, il semblerait que ceux en charge de les designer soient incapable d'en faire un qui n'ai ne serait-ce qu'un pet de charisme. Pire encore, aucun des méchants du reboot n'a pour l'instant eu de raison ne semblant pas ridicule pour s'attaquer à spider-man. On se retrouve donc avec un schtroumph électrique qui veut le saquer parce que l’araignée lui a volé le peu de vedette qu'il a eu (et c'est le moins raté), Harry Osborne qui devient un cancéreux ricanant comme une hyène parce que spidey ne veut pas lui donner son sang (parce que celui-ci pourrait lui faire plus de bien que de mal), et un mec dans un robot en CGI mal foutu qui veut le descendre "just because". Et là on en revient à se dire que Spider-man 3 n'était pas si mal. Enfin, si un méchant du 3 n'avait pas la classe il avait quand même un motif qui tenait la route pour pouvoir l'attaquer, et si il n'avait pas le motif il était assez charismatique (par exemple: Venom)
D'ailleurs, avant le visionnage, je me disait que 3 méchants c'était beaucoup (trop) et qu'on aurait sûrement un peu trop d'action. Mais non, même pas. Les scènes d'actions sont disséminées au compte goutte, il y en a une petite au début, une au milieu, puis une grosse à la fin. Et pour remplir entre deux? Des scènes de discussions mièvres, interminables et affligeantes. La plupart tournant autour de la relation entre Peter Parker et sa dulcinée, certaines entre lui et sa tante. Et toutes, sans exception, sont ratées. Elles sont à en être gêné, tant il y a de phrases bateau à la seconde qui peuvent en sortir, j'en ai passé la moitié du visionnage à regarder les murs de la salle pour éviter d'assister à ce dégueulis de guimauve de manière frontale. (je vous écris cette phrase pour vous prévenir du SPOILER qui va suivre dans la fin de ce paragraphe, pour vous éviter toute lecture fortuite de la suite, parce que oui, quand on écrit juste le mot spoiler avant de l'énoncer, moi j'ai au moins déjà lu la moitié de la phrase qui suit) La palme de la mièvrerie étant quand même attribué à cette séquence en slow-motion, absolument laide d'ailleurs, où Gwen tombe et que Spidey lance sa toile pour la rattraper, et que le bout de celle-ci se transforme en main. C'est moche, c'est con, et comme allégorie j'ai rarement vu plus cul-cul. Et quand cette toile l'attrape enfin, c'est pile-poil trop tard, elle heurte le sol et meurt. J'ai ri. (fin du SPOILER)
Cependant, disséminée par-ci, par-là, on retrouve de bonnes idées, et même une ou deux bonnes scènes. Mais celles-ci ont pour effet pervers de ne rendre que plus amer face au reste. On se dit que, quand même, s'ils avaient continué sur ce chemin, on aurait pu avoir au moins un film potable. Le plus frustrant est quand même le scénario. Je comprend parfaitement qu'on essaye de dévier des comics pour proposer quelque chose de différent, surtout quand la trilogie de Raimi les respectaient quand même assez bien, l'intention est louable. Il faut alors donner de nouvelles origines aux vilains, tout ça tout ça. La mise en oeuvre de l'idée est par contre douteuse: tous les vilains ont (et auront, vu ce que l'on voit dans le film) un même point d'origine: Oscorp. Et ça, ça enlève beaucoup trop de substance à ces vilains: ils sont censés avoir leurs propres origines! Ici ont leur fous une origine histoire de dire "ah, les grosses sociétés scientifiques qui font des expériences militaires, c'est mal, m'voyez?". Non, juste non. Et en plus ils sont tous liés à un arc narratif moisi autour du père de Peter Parker et Norman Osborn, très très mal amené et encore une fois, clichesque.
Je n'ai pas envie de m'étendre sur le jeu d'acteur, mais ça ne vole pas haut. Andrew Garfield begaye toujours autant et a toujours les mêmes tics énervants.
Pour ce qui est de la musique, le thème associé aux combats contre Electro est pas mal, et un ou deux autres morceaux ne sont pas mal fichus non plus (faut bien que je trouve un ou deux points positifs).
Alors voilà, j'en attendait peu, et le film en a fait encore moins. Je voulais juste aller au cinéma me détendre, c'était le seul film qui me tentait, mais j'avais peur. Mon sens d'araignée me picotait. J'aurais mieux fait de l'écouter, parce que 8 euros pour voir ça, ça fait un peu mal au fion (oui, je l'ai vu en 3D, et en VF, qui est d'ailleurs ratée mais ça on a l'habitude maintenant). Résultat on sort de là en se disant que quand même, Raimi il a fait du bon boulot et que même Spidey 3 c'était pas si mal que ça ...
PS: Ah oui, et autre chose, c'est très con de mettre une voix qui t'annonce les projets en cours dans une salle d'expérience. Parce que ceux qui y entrent sont très au courant de ce qu'il s'y passe. C'est un peu comme si à chaque fois qu'on rentrait dans un labo d'analyse, un voix disait "c'est ici que l'on réalise les tests d'analyse sanguine, etc.". Et aussi, quand es-ce qu'Electro a trouvé un costume?