The Amusement Park par Pascoul Relléguic

Sortie en salles 50 ans après sa naissance de ce film institutionnel commandité par une société luthérienne pennsylvanienne qui souhaitait sensibiliser ses ouailles aux affres du grand âge. Résultat trop bien atteint par le réalisateur, un certain Georges Romero, au point que The Amusement Park a fini dans un tiroir jusqu'à sa redécouverte et sa restauration HD.

Le film suit les pérégrinations douloureuses d'un sénior enthousiaste et propre sur lui dans un parc d'attractions qui va vite devenir un véritable cauchemar séquencé en petits sketches important les tracas de la vie courante dans cette environnement supposé ludique : foule déshumanisée (zombifiée ?) ne réagissant à aucune sollicitation, vieillards escroqués de leur biens contre de maigres tickets de manège ou fantômes apathiques laissés sur le bord du chemin, accident de la route (en auto-tamponneuse) avec accusation abusive de sénilité de la conductrice, accès impossible à des soins mal adaptés par matraque administratif, agression par des bikers sauvages (avides de ces fameux tickets de manège), isolement relationnel vis-à-vis des plus jeunes jusqu'à la suspicion de perversion, etc.

Le visionnage devient rapidement oppressant avec un cadre en permanence envahi d'une multitude de passants anonymes (à déconseiller aux agoraphobes) et un son saturé de bruits de manège et autres annonces foraines en boucle qui vrillent les tympans. Bref, on n'a pas envie d'être un tel vieux alors même que le narrateur qui ouvre et conclut le métrage (et qui n'est pas sans rappeler les interventions de Orson "j'aime pas trop les voleurs et les fils de pute" Welles dans La Classe Américaine) nous menace d'un avenir similaire : nous sommes les futurs séniors. Donc un peu de respect pour eux, merde ! The Amusement Park se doit toutefois d'être appréhendé comme une curiosité cinématographique au parcours atypique et à réserver aux amateurs éclairés.