Nie Yinniang est une assassine hors pair dans la Chine impériale du IXeme siècle. Si sa maîtrise de l'art de l'épée est parfaite, son âme, cependant, se refuse au meurtre. Afin de la débarrasser de tout scrupules, elle est envoyée tuer son propre cousin, gouverneur de la province de Weibo.
Signant ici son 20ème film, Hou Hsiao-Hsein semble avoir atteint une forme de pureté cinématographique. Il ne s'embarrasse pas d'une narration conductrice, qui prendrait le spectateur par la main et qu'il faudrait faire avancer sans cesse, de peur de l'ennuyer. L'histoire est réduite à une trame de fond qui ne nécessite pas tant d'être comprise que perçue à travers un geste, un regard, une expression.
Pareillement, les cadres sont composés avec une alchimie virtuose où les décors surchargés de draperies bariolées ne deviennent jamais étouffant, développant au contraire une fragile apesanteur de cet excès de faste. Les plans fixes ne sont jamais immobiles et un rideau, ou un nuage, vient toujours subrepticement bouleverser l'image. Hsiao-Hsein s'affranchit ainsi de toute contrainte formelle, passant élégamment du noir et blanc à la couleur, du 1.41 au 1.85, ne cherchant à assurer la continuité que de la seule émotion.
The Assassin n'est jamais démonstratif, jamais lourd et sa lenteur n'incombe qu'à la profondeur et la force des sentiments mis en mouvements chez les personnages, ainsi qu'au temps que met, pour apparaître, l'essence des choses.