C'est assez triste de voir ce qui sera sans doute le meilleur film de 2016 en 2015, que l'année cinématographique s'achève limite avant qu'elle ne commence. The Assassin était le film que j'attendais le plus depuis que j'ai appris son existence, du Wu Xia Pian, par le réalisateur de Millenium Mambo, forcément ça ne pouvait que m'intriguer, le prix de la mise en scène à Cannes n'a fait que rendre l'attente encore plus insupportable...
Et le film est à la hauteur de mes attentes, non pas parce qu'il est ce que j'attendais, je n'avais vu aucune image du film, mais parce qu'il arrive magnifiquement bien à me donner ce que je n'attendais pas forcément d'un film du genre.
On est dans un film à la force tranquille, où les mouvements de caméra, le nombre de plans sont réduits au minimum et pourtant une tension émane des images, on sent une puissance rare... On pourrait parler d'invisible. Sans doute car ces personnages parfois stoïques qui parlent peu habitent réellement le cadre... cadre magnifiquement bien composé; avec des couleurs juste sublimes. Faut bien comprendre qu'en terme de photographie on est face à quelque chose d'inégalé et peut-être d'inégalable, je n'aime pas donner cet argument, car ça n'en est pas vraiment un, car on pourrait croire à tort que c'est poseur, mais chaque image qui compose le film peut être prise à part pour en faire un tableau... toujours avec une grande sobriété. Le film n'en fait jamais trop.
La caméra qui passe derrière des rideaux, le brouillard qui vient envahir tout l'arrière plan dans un plan séquence, les combats, tout est réellement sublime... Il y a des moments où tu as envie que Hou Hsiao-Hsien ralentisse encore le rythme pour que tu puisses t'immerger dans ces images.... et il le fait.
L'histoire (pour ce que j'ai capté, encore une fois avec les films asiatique j'ai un mal fou à savoir qui est qui) est également d'une grande simplicité, détournant les codes du genre pour en faire autre chose. Pour en faire quelque chose de juste beau et pur.
J'aime la façon avec laquelle les combats se déroulent, dans le silence de la nuit, sans musique, juste les grillons qui chantent... et le fracas des épées....
Mais le truc le plus sublime c'est la fin, je me souviens avoir pensé, ça pourrait finir là, ça serait parfait et deux plans plus tard, générique... Comme ça, l'air de rien... Peut-être le plan le plus insolent du film, un plan qui se pose là et pourtant d'un grand calme, d'une grande beauté, mais qui calme directement toute tentative, tout espoir de revoir un jour un film de cette trempe.... "voilà, j'ai fini mon chef d'oeuvre, démerdez-vous".
Une claque tout le long...
Je pense que j'irai le revoir en salles....