Voilà un type de film que je n'ai guère l'habitude de voir. Mais au fond, je pense que j'avais besoin d'un film de ce type, posé et contemplatif, où la forme prime sur un fond volontairement simpliste. Craignant de voir un film vide à cause des critiques mitigées en ce sens, je l'ai lancé en essayant de ne faire aucune appréhension.
En tant que tel, The Assassin est une véritable perle cinématographique. Déjà, je répète ce que beaucoup on dit : c'est beau. Très beau, même. Les qualificatifs me manquent pour vanter cette partie technique du film, alors je me contenterai de dire : la nature est magnifique, filmée à un rythme lent pour mieux la mettre en valeur, les décors sont jolis (moins que la nature quand même), la gestion des lumières est excellentes et les couleurs chatoient littéralement. Certains plans font penser, dans le bon sens du terme, à des peintures. La caméra capture ces paysages sporadiquement, au grand plaisir de nos yeux.
Et en fait, ce fond construit tout le film. J'ai eu l'impression que les personnages étaient un peu conscients qu'ils étaient dans un film. En tout cas, leurs réactions et leurs interactions traduisent ce ressenti. D'aucuns argueraient que The Assassin se résume alors à une simple démonstration technique, mais pas tant que ça. À la fois simple et abstrus, le déroulement du film laisse l'intrigue un peu de côté. Il existe et est présent, mais seulement "en fond". Les protagonistes n'en ont pas besoin pour évoluer, mais progressent beaucoup quand même.
Par ailleurs, The Assassin est un de ces films dont le personnage le plus iconique est le principal. Nie Yinniang est une héroïne charismatique à sa manière. Elle parle peu, agit peu et n'apparaît que le temps nécessaire. Pourtant, de par son attitude, elle crève l'écran. Les héros solitaires sont des archétypes de personnages très répandus dans la fiction, or ici, elle fait partie de cette catégorie. Elle s'y glisse modestement tout en les embellissant.
Je pourrais reprocher des scènes parfois répétitives lors de la première moitié du film, mais même quand ça risquait de devenir redondant, la poésie qui s'exhalait de chaque plan m'ont montré que The Assassin transmettait des valeurs simples mais pures. La sérénité dirige le film : les dialogues sont succincts et clairsemés, mais jamais intrusifs. Les moments de silence, plus nombreux, se prolongent au bonheur de notre contemplation visuelle. Et c'est bien.