Je préfère voir les films de Hou Hsiao-Hsien chez moi, où l'intimité de l'expérience s'accorde plus à l'extrême sensibilité du travail du grand cinéaste formaliste taiwanais. Pour "The Assassin", cela me semblait encore plus nécessaire , vu que le film fut vendu au "grand public" comme appartenant au genre du film de sabre, ce qui a sans nul doute entraîné de savoureuses protestations dans les salles obscures de la part de spectateurs "trompés" ! J'ai donc pu voir deux fois à la suite le film (sur support Bluray US) ce qui me semble absolument nécessaire, et pour saisir l'intrigue - assez simple mais narrée de manière singulière, donc déconcertante au premier abord -, et pour s'adonner pleinement à l'expérience esthétique et émotionnelle "supérieure" offerte par "The Assassin" : beauté picturale inédite - on est très loin et très au dessus de l'esthétisme clinquant d'un Yimou, par exemple -, splendeur de la composition des plans séquences et des mouvements de caméra, bande son à la subtilité bouleversante... mais surtout, surtout, alternance époustouflante de ces plans d'intérieurs colorés où se jouent les intrigues et les complots, avec ces scènes merveilleusement photographiées d'une nature où soleil et brumes alternent dans des compositions enchanteresses. Bref, un vrai film de Hou Hsiao-Hsien, qui marquera durablement une fois de plus ceux qui se laisseront envoûter par sa magie. [Critique écrite en 2016]