Le moins que l'on puisse dire c'est que Hou Hsiao-Hsien n'a pas démérité son prix de la mise en scène lors de la dernière édition du festival de Cannes. La maîtrise et la beauté de la forme de The Assassin apportent une fraîcheur et une vitalité bienvenues à un cinéma se reposant trop souvent sur les mêmes codes esthétiques. Les différents procédés utilisés pour identifier les différents temps du récit sont d'une grande simplicité mais traduisent ici un sens de l'épure et une économie narrative. Le cadre ne vient jamais chercher les personnages ou le dialogue, il ne sert pas non plus à capturer la nature. Hou Hsiao-Hsien filme avec la nature et ses intérieurs, l'impression de fixité qui peut se dégager de ses plans est totalement fausse tant la caméra respire avec ses personnages et ondule d'un point à l'autre, tantôt caméra flottante tantôt caméra subjective. The Assassin fonctionne comme une peinture mouvante au service d'une tragédie féodale qui compose avec les tissus, les objets, les sons et les éléments de la nature avec efficacité. De même, l'utilisation du silence révèle souvent une présence ou une parole retenue, travaillant la patience et le regard de son spectateur.