C'est l'histoire d'un malheureux concours de circonstances : il pleut, je me fais poser un lapin, je décide d'aller quand même voir De Guerre Lasse, on me dit que la pellicule est endommagée, je me rabats sur The Baby, dont je ne sais rien si ce n'est qu'il est précédé par sa réputation de chef-d'oeuvre du genre (le souvenir me revient d'un 1.6 de moyenne presse sur Allociné). Premier plan, première mauvaise nouvelle : The Baby a lui aussi succombé aux sirènes du found-footage, cette incomparable bouée de sauvetage pour tâcherons aux idées courtes et à l'imaginaire zéro. On a donc à l'écran une vidéo de mariage et de voyage de noces punitivement longue, avec quelques secondes grapillées de rituel satanique mystérieux à Saint-Domingue. Soit. Retour au home sweet home, madame est enceinte, la vidéo familiale incroyablement cul-cul continue, sauf que parfois, signe qu'il y a un problème (hormonal ou DIABOLIQUE?) la maman, végétarienne convaincue, se met à bouffer de la viande crue au supermarché ou carrément à même la biche. Aïe.
Au fil de ce genre de petites épiphanies horrifiques de pacotille, le film rate complètement son crescendo, la faute à à peu près tout (acteurs, narration, ou simplement redisons-le imaginaire ZERO), mais surtout à un montage catastrophique en plus d'être roublard : l'argument du found-footage réussit en effet l'exploit d'y être à la fois manipulateur (les caméras se multiplient souvent par magie) et complètement contre-productif (le metteur en scène paresseux préfère le sursaut de train-fantôme aux visions de peur primale, et coupe à tous les mauvais moments et endroits). Dire qu'on ne frémit jamais devant un spectacle si plat relève de l'évidence, mais The Baby va jusqu'à rappeler les dangers de ce sous-genre esthétique qui tourne en rond depuis un certain temps (les mauvaises langues diraient ses débuts...) : l'illusion qu'ellipser et éviter, et que suggérer et filmer avec la tremblote sont les mêmes choses. Moralité : quand trop d'éléments se mettent en travers de votre boulimie cinéphile, renoncez et rentrez chez vous avec un bon bouquin. Ou aussi : la grossesse ça donne des féroces envies de viande crue.