Dernier film de la réalisatrice Iranienne Ana Lily Amirpour, auteur il y a trois ans du très remarqué A Girl Walks Home Alone at Night (que je n'ai néanmoins pas encore vu à l'heure où j'écris ces lignes), The Bad Batch est un projet qui avait tout pour lui sur le papier : Synopsis prometteur, casting trois étoiles, une jeune réalisatrice en vue à la barre et un passage remarqué lors de divers festivals.
Malheureusement, The Bad Batch est loin, très loin, de convaincre. En fait, il ne faut pas beaucoup de temps pour cerner le principal défaut du film, à savoir son rythme. Si les événements s'enchaînent rapidement - l'héroïne perd deux de ses membres en l'espace de dix minutes, le rythme est paradoxalement beaucoup trop lent. Passé la fuite de la protagoniste du camp des cannibales, le film se transforme en enchaînement de séquences beaucoup trop longues, quand elles ne sont pas tout simplement inutiles (on se demande encore l'intérêt de la moitié des saynètes mettant en scène la ville de "Comfort", si ce n'est planter le décor de manière bien trop artificielle).
Mais le pire reste à venir lors de la deuxième partie du film, qui voit The Bad Batch enfoncer inexorablement le spectateur dans les tréfonds de l'ennui. Chaque effort de la réalisatrice pour donner un semblant de liant à son film tombe à l'eau, à l'image de l'ajout d'une intrigue impliquant le rapprochement de l'héroïne avec l'un des cannibales sur fond de la recherche de la fille de ce dernier. Cette quête patine méchamment, jusqu'à atteindre son point de non-retour lorsque intervient le personnage du gourou, dont l'ajout ne sert finalement à pas grand chose si ce n'est greffer un semblant de péripéties dans le parcours de l'héroïne (et à rejouer le cliché éculé du : "le havre de paix n'est en fait pas si idyllique que ça"). Plus affligeante encore est l'écriture des dialogues, d'une vacuité (plus ou moins volontaire lors des passages avec Reeves) qui achève le tout.
The Bad Batch ne peut pas non plus se reposer sur sa mise en scène, bien trop clipesque car souffrant de beaucoup, beaucoup trop de ralentis et de flous artistiques inutiles qui viennent gâcher ce qui auraient pu être de jolis moments (la première rencontre entre l'héroïne et le personnage de Momoa souffre de cette surabondance d'effets).
Le dernier clou sur le cercueil est l'utilisation du casting tout bonnement catastrophique. Les acteurs, mal dirigés, ont beau faire ce qu'ils peuvent pour rendre leurs personnages crédibles, le ridicule finit par l'emporter. Entre un Momoa qui colle bien à son rôle d'un point de vue physique mais beaucoup moins quand il l'ouvre, une Suki Waterhouse complètement perdue, un Keanu Reeves d'un ridicule achevé et un Jim Carrey dont on pense qu'il va tirer son épingle du jeu dans son rôle d'ermite muet mais en fait pas du tout, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre.
Au milieu de cette débâcle, on se surprend à penser à ce que le film aurait pu donner s'il avait été complètement muet (ce procédé fonctionne bien dans la première partie) ou si la réalisatrice avait pris le temps de développer son univers apocalyptique au lieu de laisser à l'état d'ébauche. Une ébauche enrobée de bonnes idées, mais une ébauche tout de même, de surcroît bien vide.